De Neuburg à Narajowka : Un Mosellan dans la Grande Guerre - 18e RIR Prussien
Découvrez l’histoire méconnue de ces jeunes Mosellans, enrôlés malgré eux pour défendre des terres étrangères, pris dans l’engrenage des redéploiements entre les fronts.
Henri Carton, connu sous le nom de Heinrich pour l'administration allemande, est l'un de ces milliers de Mosellans incorporés dans l’armée allemande durant la Première Guerre mondiale.
Né à Novéant-sur-Moselle, rebaptisé "Neuburg" après l’annexion de 1871, Henri dit Heinrich Carton représente une génération déchirée entre son attachement culturel à la France et ses obligations militaires envers l’Empire allemand.
Dès 1914, de jeunes hommes comme lui se retrouvent au cœur d'un conflit sans précédent. Ils sont déployés dans des conditions difficiles, parfois très éloignées de leur région natale, comme les tranchées du front occidental en France ou les combats en Galicie, loin de leurs racines.
Pris dans une stratégie de redéploiements constants, ils doivent faire face à des environnements variés et des conditions extrêmes, souvent mal équipés et confrontés à des assauts répétés. Pour ces soldats, la guerre est un enchaînement de pertes et de sacrifices, leur identité mosellane s'effaçant sous l'uniforme impérial.
Le parcours d’Heinrich, de "Neuburg" à Narajowka, symbolise ce destin tragique : celui de jeunes Mosellans envoyés défendre des terres étrangères, dans des batailles qui semblent éloignées de leur réalité quotidienne.
Heinrich Carton
Henri Carton, également appelé Heinrich sous l’administration allemande, est né le 24 septembre 1895 à Novéant-sur-Moselle (rebaptisé Neuburg pendant l’annexion allemande) en Lorraine. En tant que Mosellan, Carton fait partie de la génération des jeunes hommes alsaciens-lorrains enrôlés dans l’armée impériale allemande.
Après la cession de l'Alsace-Moselle à l'Allemagne en 1871 par le Traité de Francfort, des milliers de jeunes comme lui furent incorporés dans les rangs de l'armée allemande, souvent malgré leur attachement à leur culture d'origine.
En marge - Décédé à la bataille de "Narajowska", (ainsi libellé)
Le cas de Carton est révélateur de la complexité identitaire et des enjeux de loyauté des soldats alsaciens-mosellans, souvent enrôlés et envoyés loin de leur région natale, dans des zones de combat variées.
L’histoire d’Heinrich illustre également l’impact de la guerre sur la jeunesse mosellane, qui a combattu sous un uniforme souvent imposé, loin de ses attaches culturelles et familiales. En retraçant son parcours, cet article vise à rendre hommage aux nombreux Mosellans oubliés, dont les sacrifices méritent d’être rappelés dans le cadre de la mémoire collective de la Grande Guerre.
Origines et Enfance en Moselle
Heinrich Carton, né à "Neuburg" après la cession à l'Allemagne, est le fils d’Émile Carton et de Guillaumine “Émilie” Toussaint. Il est le cinquième enfant d’une famille modeste de vignerons, enracinée dans la culture mosellane.
La vie d'Heinrich avant la guerre est simple et laborieuse : il travaille avec son père dans leur vignoble, où il se prépare à suivre une tradition familiale.
Mais la Moselle, ainsi que toute l’Alsace-Lorraine, a un statut particulier depuis la défaite de la France dans la guerre franco-prussienne et la signature du Traité de Francfort en 1871. Cette région est désormais cédée à l'Empire allemand, et les jeunes comme Heinrich grandissent dans un environnement germanisé, où la langue allemande est imposée dans les écoles et les administrations. Cette germanisation de la Moselle touche profondément sa génération, qui, malgré un attachement culturel à la France, est intégrée dans la société et l’armée allemande.
Les tensions identitaires marquent ainsi la jeunesse d'Heinrich Carton : il est mosellan, né dans une région qui conserve des racines françaises, mais il est juridiquement sujet de l'Empire allemand, ce qui influence directement son parcours de vie et ses choix limités, notamment lorsque le service militaire obligatoire le rattrape.
"NAUJOKS, Eberhard : Die Elsaß-Lothringer als « preußische Minderheit » (1870-1914), dans : Peter BAUMGART (Hrsg.), Expansion und Integration. Sur l’intégration des territoires nouvellement conquis dans l’État prussien, Cologne/Vienne 1984, pp. 449-473.NAUJOKS arrive à la conclusion que les Alsaciens et les Lorrains dans l’Empire « sont restés de facto des minorités administrées par les Prussiens » jusqu’à la fin et que « la germanisation prévue des territoires annexés n’a pas réussi avec - plus ou moins ouvertement - des moyens « prussiens » » (p. 473). Principalement pour des raisons militaires, le Reich n’avait pas fait de concessions politiques au Reichsland pendant si longtemps, ce qui n’avait fait que renforcer encore plus la méfiance mutuelle."
De vigneron à soldat de l'armée impériale allemande
Le conseil de révision et l’incorporation à Metz
Le conseil de révision de Metz, sous administration allemande, évalue les jeunes hommes pour le service militaire obligatoire. Pour les jeunes Mosellans, cette étape est décisive : une fois jugé apte, l’intégration dans une unité allemande devient inéluctable.
Cependant, les circonstances précipitées de son enrôlement par les autorités l'ont probablement orienté vers le 18e Régiment d'Infanterie de Réserve (RIR 18).
Formation : Début 1915, Heinrich est stationné au Rekruten Depot Deuscht. Eylau, 2eme bataillon du Régiment d'Infanterie de Réserve (18. Reserve-Infanterie-Regiment) pour sa formation.
Premières phases de formation militaire
En 1914, lorsque l’Europe entre en guerre, les autorités allemandes craignent que Heinrich, dont la famille est considérée "pro-française," ne s’enfuie vers la France, comme certains de ses frères l’ont fait. Malgré les tentatives de son père Émile pour s’interposer, Heinrich est finalement emmené précipitamment et mobilisé au sein de l’armée allemande, intégré au 18e RIR prussien et envoyé sur le front oriental.
Comme nombre de jeunes hommes d'Alsace-Lorraine, Heinrich subit une incorporation qui le met dans une position difficile. Ses frères ont échappé à ce sort en partant pour la France avant les hostilités. Son enrôlement reflète le destin de nombreux Mosellans, tiraillés entre leur attachement à la France et les obligations militaires imposées par l'Allemagne.
"Pendant la Grande Guerre, 380 000 Alsaciens et Mosellans sont incorporés dans l’armée allemande. Pour éviter les désertions, la plupart sont envoyés sur le front russe. 18 000 Alsaciens et Mosellans s’engagent dans l’Armée française".
Le 18e Régiment d'Infanterie de Réserve Prussien et la 1e Division de Réserve
Le 18e Régiment d'Infanterie de Réserve (18e RIR) Prussien est une unité d'infanterie de réserve, constituée pour appuyer les forces régulières sur différents théâtres d'opération pendant la Première Guerre mondiale.
Le 18e RIR fait partie intégrante de la 1re Division de Réserve (1. Reserve-Division), une formation clé mobilisée dès août 1914 pour renforcer les forces principales.
Intégration et Structure de Commandement
- Division d'appartenance : Le 18e RIR est rattaché à la 1re Division de Réserve, qui fait partie du 1er Corps de Réserve (I. Reserve-Korps) au sein de la structure militaire prussienne.
- Corps d'Armée : Initialement rattachée au 1er Corps de Réserve, la 1re Division de Réserve est engagée sur le front oriental dès 1914.
Missions et Engagements Principaux
Les régiments de réserve, dont le 18e RIR, sont mobilisés dès le début du conflit pour jouer un rôle de soutien essentiel lors de batailles critiques. La 1re Division de Réserve, incluant le 18e RIR, participe aux engagements suivants :
- 1914 : Batailles de Tannenberg et des Lacs de Mazurie sur le front de l'Est, au sein du Groupe d’Armée Hindenburg.
- 1915 : Opérations en Przasnysz et Schaulen, ainsi que des campagnes dans les Carpates et en Pologne pour soutenir l'Armée du Sud.
- 1916 : Engagement (OHL) non prouvé sur le front de l’Ouest, suivi d’un retour sur le front oriental pour participer à l’offensive de Brzezany en Galicie, dans le cadre de l’offensive Broussilov.
- 1917-1918 : Déploiement en Galicie, puis transfert au front occidental pour participer aux offensives du Printemps et des Cent-Jours en 1918.
Les unités de réserve comme le 18e RIR sont employées sur les fronts de l'Est et de l'Ouest selon les priorités stratégiques, contribuant à combler les lacunes de l'armée régulière dans les moments cruciaux.
Comprendre le Déploiement Partiel et Flexible des Troupes
Durant la Première Guerre mondiale, les besoins en renforts sont constants, notamment pour combler les pertes importantes et répondre aux offensives ennemies. Cela conduit l’armée allemande à adopter une stratégie de déploiements partiels et flexibles.
Cette approche permet de rediriger les troupes de manière réactive vers les zones les plus exposées, souvent de manière temporaire ou partielle, en gardant d'autres unités en réserve ou prêtes pour de nouveaux engagements.
Le 18e RIR et la 1e Division de Réserve en sont des exemples typiques : ces unités sont redéployées régulièrement pour soutenir les efforts militaires.
"En juillet 1914, Nicolas II décrète une mobilisation générale et engage sept millions d'hommes aux côtés de la France, son armée est une des meilleures et attaque le front est, affolant l'état-major allemand qui déplace des troupes du front ouest en renfort (permettant le « miracle » de la Marne et de ses taxis)."
Heinrich Carton fait donc partie d’une unité flexible, constamment redistribuée en fonction des besoins tactiques, une caractéristique qui marquera sa période militaire jusqu’en 1916.
Premiers Déploiements du 18e RIR Prussien : Le Front Oriental en 1915 (Galicie)
Dès 1915, le 18e Régiment d’Infanterie de Réserve Prussien (18e RIR) est partiellement redéployé sur le front oriental pour soutenir les troupes austro-hongroises lors de l’offensive Gorlice-Tarnów en Galicie. Cette campagne vise à repousser les forces russes menaçant les lignes austro-hongroises.
L’offensive Gorlice-Tarnów, qui débute en mai 1915, provoque une rupture dans les lignes russes et oblige l’armée tsariste à se replier vers l’Est. Le RIR18 est plongé dans des conditions de combat particulièrement difficiles, marquées par des assauts répétés, des environnements hostiles et une géographie complexe.
Déploiement Confirmé sur le Front Oriental (1916) et l’Offensive Broussilov
L’armée russe, sous le commandement du général Alekseï Broussilov, mène depuis juin 1916 une offensive stratégique pour déstabiliser les lignes austro-hongroises et allemandes en Galicie. Cette opération dévastatrice entraîne des pertes énormes pour les puissances centrales.
Deutsche Verlustlisten du 5/10/1916 (Liste de Pertes Allemandes)
Narajowka : Le Dernier Combat
Heinrich Carton est porté disparu le 16 septembre 1916 à Narajowka, un secteur en Galicie qui devient le théâtre de combats intenses pendant cette période.
Située dans une zone marécageuse et boisée, Narajowka est le point de convergence de plusieurs bataillons allemands et austro-hongrois, qui luttent pour contenir les vagues d’assauts russes. Ce secteur est caractérisé par des combats de tranchées et d’assauts rapprochés où les soldats de réserve, souvent moins bien équipés, subissent une forte pression face à un ennemi supérieur en nombre.
Pour les jeunes soldats mosellans, engagés loin de chez eux, ces combats représentent une confrontation brutale et incessante. Les conditions de combat en Galicie diffèrent de celles de la Somme par la géographie et les conditions climatiques : les troupes sont confrontées aux forêts denses, aux températures plus basses et aux infrastructures de soutien limitées, aggravant encore les souffrances des soldats en ligne. Les pertes humaines sont élevées, les renforts arrivent tardivement, et les soldats manquent souvent de ravitaillement, ce qui les laisse vulnérables et isolés.
L'Impact de l'Offensive Broussilov
La légende de la photo décrit les graves pertes austro-allemandes lors de l'offensive Broussilov de 1916. Les troupes austro-hongroises et allemandes en Galicie et à l’est de Czernowitz (en actuelle Ukraine) ont subi de lourdes pertes en tentant de contenir une attaque rapide et massive des Russes.
Héritage et Mémoire d’un Jeune Mosellan
Cette histoire est celle d’une jeunesse sacrifiée sur un front éloigné, dans un conflit qui échappe aux choix et aux valeurs personnelles de ceux qui y participent. En retraçant son parcours, cet article rappelle les circonstances de son sacrifice et honore les nombreux jeunes Mosellans qui, à l’instar d'Henri Carton, ont perdu la vie loin de chez eux, dans des combats aussi difficiles qu'incompréhensibles pour des jeunes enrôlés malgré eux.
Mémoire d’Henri Carton en Moselle
La disparition d'Henri Carton sur le front oriental, loin de sa Moselle natale, a laissé sa famille sans nouvelles pendant plusieurs années. À cette époque, le manque d’informations précises sur les soldats disparus était courant, et les familles dépendaient souvent des listes de pertes officielles, appelées "Deutsche Verlustlisten" (Listes de Pertes Allemandes), publiées par les autorités militaires de Berlin.
La Narayivka : Un Lieu de Mémoire et de Sacrifice
Heinrich Carton, soldat du 18e Régiment d'Infanterie de Réserve prussien, repose dans cette terre près de la rivière Narayivka, un lieu où se sont déroulés de violents combats durant l'offensive Broussilov en 1916. Située en Ukraine occidentale, cette rivière de 56 km, connue sous diverses orthographes, Нараївка (ukrainien), Narajówka (polonais), Нараевка (russe), est un affluent de la Hnyla Lypa, rejoignant finalement le Dniestr. Traversant les oblasts de Ternopil, Lviv et Ivano-Frankivsk, la Narayivka est entourée de petites localités et étangs, dont certains, comme ceux au nord de Bilzhivtsi, ont été des témoins silencieux des batailles féroces et des pertes humaines monumentales.
Les Terrains de Bataille de la Narayivka
Les villages environnants, tels que Ternopil et Brody, ont vu les forces austro-hongroises et allemandes tenter de contenir les avancées russes. La Narayivka, jadis simple cours d'eau, s'est transformée en un symbole de résistance et de sacrifice.
La Disparition et la Découverte
Après la mort d'Heinrich Carton à Narajowka lors de l'offensive Broussilov en septembre 1916, son corps n’a pas été retrouvé. Comme pour de nombreux soldats, la seule trace officielle de son décès est sa mention dans les listes de pertes diffusées par Berlin, qui informaient les familles en publiant les noms des soldats identifiés.
Lorsqu’un agriculteur découvre, en labourant, un objet accroché à son soc de charrue, une plaque d’identité militaire au nom d'Heinrich Carton, une "Erkennungsmarke" (médaille signalétique),
Ces plaques d'identité, comme celle ci-dessus des soldats servaient à l’identification rapide des corps, mais elles étaient parfois perdues ou enterrées avec le soldat, retardant la transmission d’informations cruciales aux proches.
Cette découverte tardive a permis à la famille d’Henri d’obtenir une clarification, du lieu de son décès bien des années après sa mort. Cela sera notifié en marge de son acte de naissance le 15 septembre 1967 par le Maire de Novéant.
La Mémoire Complexe des Soldats Mosellans sous Uniforme Allemand
Pour les familles alsaciennes et mosellanes, dont les fils étaient enrôlés sous l’uniforme allemand, la mémoire de ces soldats disparus est complexe. Bien que Carton et ses compatriotes aient combattu pour l’Empire allemand, beaucoup se sentaient culturellement et émotionnellement proches de la France.
Cette ambiguïté se reflète dans les monuments aux morts en Moselle, qui tentent souvent d’honorer le sacrifice humain sans raviver les tensions d’appartenance. Les monuments de cette période affichent des inscriptions neutres, sans référence explicite à la France ou à l’Allemagne, soulignant le sacrifice personnel au-delà des divisions nationales imposées.
Héritage et Réconciliation de la Mémoire Mosellane
L'histoire d'Heinrich Carton est emblématique des dilemmes identitaires et de l’héritage de la Première Guerre mondiale pour la Moselle. Elle illustre la souffrance d’une génération de jeunes hommes pris entre deux nations, forcés de combattre sous un drapeau étranger, loin de leurs racines.
Les commémorations modernes dans la région adoptent une approche de réconciliation, reconnaissant la souffrance et le dévouement de tous les soldats, indépendamment de la nation sous laquelle ils ont été contraints de combattre.
En novembre 1918, les Français retrouvent ce qu’ils n’appellent pas encore la Moselle, mais le "territoire de Lorraine"
- Ouvrage de référence sur l’organisation de l'armée allemande pendant la Première Guerre mondiale, incluant les structures des régiments, divisions, et corps d'armée.
- Publié par l'armée américaine, ce document retrace l'historique et les mouvements de chaque division allemande,
- Les archives contiennent des documents officiels sur les déploiements et rattachements des unités allemandes, y compris les mouvements du 18e Régiment d'Infanterie de Réserve.
- Ces listes de pertes, publiées par les autorités militaires de Berlin, répertorient les soldats tués, blessés ou portés disparus par régiment. Elles permettent de suivre le parcours de soldats comme Henri Carton au sein du 18e Régiment d'Infanterie de Réserve et de vérifier leurs affectations.
- Ces études abordent la mémoire des soldats mosellans tombés sous uniforme allemand, les commémorations locales, et l'impact de l'annexion et de l'enrôlement forcé. Elles éclairent le contexte identitaire et mémoriel des soldats alsaciens-mosellans enrôlés dans l'armée allemande.
Fiche d'Identité Militaire Reconstituée : Heinrich Carton
Nom complet : Heinrich Carton
- Lieu d'origine : Novéant-sur-Moselle (Neuburg in Lothringen), région de Metz, Alsace-Lorraine (Empire allemand)
- Région militaire d'incorporation : XVIe Corps d'Armée, Metz
- Date d'incorporation précipité : 1915 ?
- Rekruten Depot Deutsch-Eylau du 2e bataillon du RIR18.
Remarque pour les archives : Les listes préparatoires 12AL s'arrêtent à 1913. Dans les listes alphabétiques d’incorporation, sous la cote 14Z, plusieurs années sont manquantes, et particulièrement l’année 1915.
- Unité militaire : 18. Reserve-Infanterie-Regiment)
- Division : 1re Division de Réserve (1. Reserve-Division)
Brigade : 72e Brigade d'Infanterie de Réserve (à Dt-Eylau), regroupant les unités suivantes :
- 18e Régiment d'Infanterie de Réserve (à Dt-Eylau), celui d'Heinrich en 1916.
- 59e Régiment d'Infanterie de Réserve
- 1er Bataillon de Jägers de Réserve (infanterie légère spécialisée)
Bataillon : 2e Bataillon du 18e Régiment d'Infanterie de Réserve
- Compagnie : 5e Compagnie du 2e Bataillon en 1916
- Grade : Soldat (Musketier)
Date et lieu de décès : 16 septembre 1916, Narajowka, Galicie (pendant l’offensive Broussilov)
- Lieu d'origine : Novéant-sur-Moselle (Neuburg in Lothringen), région de Metz, Alsace-Lorraine (Empire allemand)
- Région militaire d'incorporation : XVIe Corps d'Armée, Metz
- Date d'incorporation précipité : 1915 ?
- Rekruten Depot Deutsch-Eylau du 2e bataillon du RIR18.
- Unité militaire : 18. Reserve-Infanterie-Regiment)
- Division : 1re Division de Réserve (1. Reserve-Division)
- 18e Régiment d'Infanterie de Réserve (à Dt-Eylau), celui d'Heinrich en 1916.
- 59e Régiment d'Infanterie de Réserve
- 1er Bataillon de Jägers de Réserve (infanterie légère spécialisée)
- Compagnie : 5e Compagnie du 2e Bataillon en 1916
- Grade : Soldat (Musketier)
Incorporation et Enrôlement Administratif (1914), Théoriquement.
Région militaire :
- Le XVIe Corps d'Armée de Metz était à l'origine subordonné à la V. Armee-Inspektion (5e Armée). Le 2 septembre 1912, il fut rattaché à la VII. Armee-Inspektion (7e Armée).
Localisation administrative :
- Novéant-sur-Moselle, relevait du XVIe Corps d'Armée (XVI. Armee-Korps), chargé de l'incorporation des recrues de Moselle et d'Alsace-Lorraine.
- Siège du XVIe Corps d'Armée : Metz.
- Le XVIe Corps d'Armée de Metz était à l'origine subordonné à la V. Armee-Inspektion (5e Armée). Le 2 septembre 1912, il fut rattaché à la VII. Armee-Inspektion (7e Armée).
- Novéant-sur-Moselle, relevait du XVIe Corps d'Armée (XVI. Armee-Korps), chargé de l'incorporation des recrues de Moselle et d'Alsace-Lorraine.
- Siège du XVIe Corps d'Armée : Metz.
Structure de Commandement de la 1re Division de Réserve
Commandants en Chef (Oberste Heeresleitung, OHL) :
1. Helmuth von Moltke le Jeune : Août 1914 - Septembre 1914 - Supervise les premières mobilisations et déploiements, y compris de la 1re Division de Réserve sur le front oriental. 2. Erich von Falkenhayn : Septembre 1914 - Août 1916 - Sous son commandement, la 1re Division de Réserve EST en Galicie lors de l’offensive Broussilov. 3. Paul von Hindenburg : Août 1916 - Fin de la guerre (1918) - Hindenburg et Ludendorff coordonnent les grandes offensives allemandes, incluant le redéploiement de la 1re Division de Réserve vers le front occidental en 1918.
Commandants successifs de la 1re Division de Réserve :
1. Lieutenant-général Sigismond von Förster : 2 août 1914 - 22 septembre 1915 2. Major général Conrad Zietlow : 23 septembre 1915 - 1er janvier 1917 3. Lieutenant-général Jean de Malachowski : 2 janvier - 22 avril 1917 4. Major général Gustave de Waldersee : 23 avril 1917 - 10 janvier 1919
Affectation et Déploiement (1914-1916) effectif
- Unité militaire : 18e Régiment d'Infanterie de Réserve prussien (18. Reserve-Infanterie-Regiment), 5e Compagnie.
- Division : 1re Division de Réserve, historiquement rattachée au 1er Corps de Réserve (I. Reserve-Korps).
- Conflit 1914 : La 1re Division de Réserve, avec la 36e Division de Réserve, formait le 1er Corps de Réserve (I. Reserve-Korps), sous le commandement du général Otto von Below et initialement intégré à la 8e Armée allemande dirigée par Maximilian von Prittwitz, puis par Paul von Hindenburg.
Remarque
Bien que Heinrich Carton ait été administrativement incorporé par le XVIe Corps d'Armée en raison de son origine régionale, son unité opérationnelle (1re Division de Réserve) dépendait du 1er Corps de Réserve, non du XVIe Corps d'Armée.
- Unité militaire : 18e Régiment d'Infanterie de Réserve prussien (18. Reserve-Infanterie-Regiment), 5e Compagnie.
- Division : 1re Division de Réserve, historiquement rattachée au 1er Corps de Réserve (I. Reserve-Korps).
- Conflit 1914 : La 1re Division de Réserve, avec la 36e Division de Réserve, formait le 1er Corps de Réserve (I. Reserve-Korps), sous le commandement du général Otto von Below et initialement intégré à la 8e Armée allemande dirigée par Maximilian von Prittwitz, puis par Paul von Hindenburg.
La 1re Division de Réserve a été active principalement sur le front de l’Est.
- Engagement sur le Front Oriental : Dès 1914, le 18e RIR est impliqué dans des batailles majeures contre l'armée russe, y compris à Tannenberg et dans la Première bataille des Lacs de Mazurie. Par la suite, il participe à des opérations dans les Carpates et en Pologne pour stabiliser le front oriental. En 1915, la division continue de combattre dans des régions stratégiques, notamment lors de la bataille de Przasnysz et des engagements autour de Schaulen, renforçant les lignes de défense allemandes face aux contre-offensives russes.
- Engagements et Campagnes de la 1re Division de Réserve et du 18e RIR en 1916
En 1916, la 5e Compagnie du 18e RIR fait partie des unités engagées dans des combats de plus en plus intenses sur le front oriental, en particulier dans la région de Galicie, au cœur de l’offensive Broussilov menée par les forces russes.
2. Août 1916 : La division retourne sur le front de l’Est et est redéployée en Galicie. Le 18e RIR participe à des opérations autour de Zloczow (actuel Zolochiv, Ukraine), une région stratégique où la pression russe est intense.
3. Août 1916 : Le 18e RIR est engagé dans des combats défensifs à Dobrotwor, près de Lemberg (actuelle Lviv, Ukraine). Cette zone revêt une importance stratégique majeure, car elle constitue une ligne de défense cruciale pour contenir l'avancée des forces russes.
4. Septembre 1916 : Heinrich et la 5e Compagnie sont déployés dans le secteur de Narajowka, en Galicie, en pleine offensive Broussilov.
- 16 septembre 1916 : Heinrich Carton est porté disparu lors d'une attaque russe de grande ampleur. Les troupes prussiennes, aux côtés des forces austro-hongroises, subissent de lourdes pertes face à l’avancée russe. Narajowka (ou Naraiowka) est l'un des points de confrontation majeurs dans cette région, où les combats sont particulièrement intenses pour contrer les percées russes.
Ces éléments permettent de mieux comprendre le parcours et les engagements de la 5e Compagnie du 18e RIR, au sein de la 1re Division de Réserve, dans un contexte où la pression russe en Galicie atteint son paroxysme durant l'offensive Broussilov.
À partir de 1917, le 18e Régiment d'Infanterie de Réserve (18e RIR) n'est plus intégré à la 1re Division de Réserve.
Contexte stratégique et défis rencontrés
- Conditions de combat : En 1916, le front oriental est particulièrement brutal, avec des combats en terrain découvert et une défense difficile dans des secteurs vulnérables aux manœuvres de l'armée russe. Les unités de la 1re Division de Réserve et du 18e RIR sont constamment exposées à la pression des troupes russes.- Défis internes : Les soldats alsaciens-lorrains, tels que Heinrich Carton, sont souvent affectés loin des frontières françaises pour éviter les désertions. La durée prolongée des combats, les pertes croissantes et la fatigue du régiment affectent le moral et l’efficacité des troupes, notamment lors de l'offensive Broussilov.
Sources
- United States. War Department. General Staff. Histories of Two Hundred and Fifty-One Divisions of the German Army which Participated in the War (1914-1918). Washington: Government Printing Office,1920.DisponiblesurArchive.org : - Wikiwand. "1re Division de Réserve (Empire allemand) - Composition et commandants successifs."
Chronologie d'Henri (ou Heinrich) Carton
1895
- 24 septembre : Naissance de Henri Carton à Neuburg in Lothringen (Novéant-sur-Moselle), alors sous administration allemande dans le Reichsland Elsass-Lothringen.
1896
- 6 avril : Premiers Jeux Olympiques modernes à Athènes, imaginés par Pierre de Coubertin, avec la participation de 14 nations (événement historique contemporain).
1898
- 3 janvier : Naissance de sa sœur, Clémentine Marguarete Carton, à Novéant, Moselle, Lorraine.
1899
- 26 avril : Décès de sa sœur, Clémentine Marguarete Carton, à Novéant, Moselle, Lorraine.
1900
- 17 octobre : Bernhard von Bülow devient Chancelier impérial d'Allemagne (événement historique).
1903
- 21 septembre : Décès de sa grand-mère paternelle, Clara Niclout, à Novéant, Moselle, Lorraine.
1909
- 14 juillet : Theobald von Bethmann Hollweg devient Chancelier impérial d'Allemagne (événement historique).
1910
- 25 juillet : Mariage de sa sœur, Ida Carton, avec François Martin à Novéant, Moselle. Ida a alors 24 ans et François 25 ans.
1912
- 9 décembre : Mariage de son frère, Alfred Louis Alphonse (Luwig) Carton, avec Emilie Marie Gauthier à Novéant, Moselle. Ce mariage sera dissous le 29 novembre 1922.
1913
- 27 décembre : Mariage de son frère, Adrien Carton, avec Hélène" Virginie Navel à Villecey-sur-Mad, Meurthe-et-Moselle, Lorraine.
1914
- 1er août : Début de la Première Guerre mondiale.
L’assassinat de l’Archiduc François-Ferdinand d’Autriche et de sa femme à Sarajevo conduit à une escalade de tensions internationales, menant au déclenchement de la guerre mondiale (événement historique).
Henri a alors 18 ans.
1916
- 16 septembre : Décès de Henri Carton à l’âge de 20 ans lors de la bataille de Narajowka, dans le cadre de l'Offensive Broussilov, sur le front oriental (Galicie, actuelle Ukraine).
Heinrich Carton, jeune soldat Mosellan âgé de 21 ans, est tombé en 1916 lors des combats violents de Narajowka contre l’armée de Broussilov. Ces affrontements, parmi les plus sanglants du front de l’Est pendant la Première Guerre mondiale, ont eu lieu dans le secteur de Brody-Ternopil, en Ukraine. Le théâtre de ces batailles, la rivière Narayivka, est un affluent de la rive gauche de la Hnyla Lypa et traverse les oblasts de Lviv, Ternopil, et Ivano-Frankivsk, portant encore aujourd’hui les traces de ces conflits tragiques.
Concernant la mémoire des soldats tombés, plusieurs cimetières militaires et mémoriaux existent dans cette région. Le cimetière militaire de Zboriv, à proximité de Ternopil, honore les soldats allemands et austro-hongrois. Des mémoriaux dispersés dans les oblasts de Lviv et Ternopil témoignent également des sacrifices des soldats des deux camps, bien que certaines sépultures restent anonymes, à l’image de celle de Heinrich Carton.
Fiche d’identité du Régiment d’Infanterie de Réserve n° 18 (18e RIR)
- Actif : 2 août 1914 – mi-septembre 1918
- Nation : Empire allemand (Deutsches Kaiserreich)
- Armée : Armée prussienne (Preußische Armee)
- Type : Régiment d’infanterie
-Composition initiale :
- 12 compagnies d’infanterie
- 2 compagnies de mitrailleuses (1914)
- Augmentation à 3 compagnies de mitrailleuses (1916)
- Effectif : Entre 2000 et 2500 hommes
- 02.08.1914 - 07.05.1915 : 72e brigade d’infanterie de réserve / 1ère division de réserve
- 08.05.1915 - 27.05.1915 : 72e brigade d’infanterie de réserve / 3e division d’infanterie
- 28.05.1915 - 09.06.1915 : 72e Brigade d’Infanterie de Réserve / Groupe Matin ?
- 10.06.1915 - 29.07.1915 : 72e brigade d’infanterie de réserve / 1re division de réserve
- 30.07.1915 - 01.10.1915 : 72e brigade d’infanterie de réserve / 1re division de réserve
- 02.10.1915 - 13.07.1916 : 72e brigade d’infanterie de réserve / 1re division de réserve
- 14.07.1916 - 11.12.1916 : 72e brigade d’infanterie de réserve / 1re division de réserve
- 12.12.1916 - 02.10.1917 : 5e brigade d’infanterie de remplacement / 225e division d’infanterie
- 03.10.1917 - 11.11.1917 : 15 (Royal Bavarois) Brigade d’infanterie de réserve / 225e division d’infanterie
- 12.11.1917 - 12.12.1917 : 225e division d’infanterie
- 13.12.1917 - 21.08.1918 : 173e brigade d’infanterie / 225e division d’infanterie
Structure de la guerre au 17.08.1914
- 72e brigade d’infanterie de réserve / 1re division de réserve / 1er corps de réserve / 8e armée
Théâtres d’opérations-Reserve-Division 1 :
Front de l’Est
- Bataille de Gumbinnen
- Bataille de Tannenberg
- Bataille des Lacs de Mazurie
- Bataille de Lodz
- Przasnysz- Schaulen
Offensive Broussilov
Riga
Front occidental
- Offensive allemande du printemps 1918
Rôle dans la Première Guerre mondiale :
Le 18e Régiment d’Infanterie de Réserve était une unité de l’armée prussienne mobilisée dès le début de la guerre. Initialement déployé sur le front de l’Est, il a pris part aux grandes victoires allemandes, notamment à Tannenberg, aux Lacs de Mazurie et la Galicie, avant d’être transféré au front occidental en 1918 pour participer à l’offensive du printemps. Il s'est distingué dans des combats de haute intensité, mais comme de nombreuses unités allemandes, il a souffert de l’épuisement et du manque de ressources à la fin de la guerre.
Dissous à la mi-septembre 1918 dans le contexte de la désorganisation croissante de l’armée allemande, le 18e RIR illustre la trajectoire typique des régiments de réserve : un engagement massif en début de conflit, une guerre d’usure prolongée, et une désintégration progressive sous la pression alliée.