Entre Résilience et Germanisation : Les contraintes au quotidien (1871-1918)


Pression Allemande en Moselle et Meurthe-et-Moselle (1871-1918)

Vivre et Travailler 

La cession de l'Alsace-Lorraine à l’Empire allemand en 1871, suite au traité de Francfort suivie des épreuves de la Première Guerre mondiale (1914-1918), a transformé le quotidien de ceux qui vivaient et travaillaient dans les communes de Moselle et de Meurthe-et-Moselle. Les familles, résidant dans des villages comme Dornot, Ancy-sur-Moselle, Corny et Coin-lès-Cuvry, a dû faire face aux effets de la germanisation, aux conscriptions forcées et à une surveillance accrue, typiques de la pression allemande. Dans les communes de Meurthe-et-Moselle restées sous administration française, telles que Maxéville et Villecey-sur-Mad, la proximité de la frontière imposait un climat de tension constante, perturbant la vie sociale et économique. Cette étude sur certaines localités montre comment ces événements ont redéfini l’identité et le quotidien, prise entre adaptation et résistance.

Maxéville : Point de Réapprovisionnement et Zone de Surveillance

En Meurthe-et-Moselle, Maxéville devient un centre stratégique pour le réapprovisionnement des troupes françaises pendant la Première Guerre mondiale. Bien que située en territoire français, la commune subit la pression de la proximité de la zone annexée, devenant un lieu de passage pour les réfugiés alsaciens-lorrains et les soldats français. Les autorités françaises instaurent une surveillance stricte, redoutant l’espionnage allemand, ce qui accentue le climat de méfiance parmi les habitants. Ce contrôle strict perturbe les relations sociales et économiques, et impose aux résidents un sentiment de tension et d’incertitude quotidienne.

  • Sources : Archives départementales du Haut-Rhin (ADHR), 16AL2/1 ; Schmauch J., « Préparer la réintégration des provinces perdues », dans Boches ou tricolores, La Nuée bleue, 2008.

Dornot : Surveillance et Conscription sous l’Occupation Allemande

Dans le village de Dornot, annexé en 1871, les habitants vivent sous une surveillance allemande renforcée, imposée par la proximité de la frontière française. Les habitants subissent des restrictions de déplacement et une germanisation forcée, et les jeunes hommes sont enrôlés dans l'armée allemande, ce qui génère des tensions et des tentatives de fuite risquées. Les autorités allemandes imposent également aux agriculteurs et artisans des réquisitions pour l’effort de guerre, affaiblissant les ressources locales et accentuant la pression économique sur les familles.

  • Sources : Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 22AL131 ; Hesse Generalmajor a. D., Spionage der elsässischen Bevölkerung gegen Deutschland, Justin Moser, 1931.

Ancy-sur-Moselle : Germanisation et Répression de la Francophilie

À Ancy-sur-Moselle, l’Empire allemand applique une politique de germanisation rigoureuse : le français est interdit dans les écoles et administrations, forçant les enfants, à assimiler la langue et la culture allemandes. Toute manifestation de francophilie est réprimée, et la présence de colons allemands intensifie la pression culturelle et économique. Les habitants sont ainsi confrontés à un dilemme entre adaptation forcée et préservation de leur identité culturelle, devant souvent dissimuler leur attachement à la France.

  • Sources : Harp S. L., Learning to be loyal, Northern Illinois University Press, 1998 ; Roth F., La Lorraine annexée, Éditions Serpenoise, 2007.

Corny-sur-Moselle : Pression Économique et Mobilisation Militaire

L’annexion de Corny-sur-Moselle entraîne une militarisation accrue et des réquisitions de terres. Les familles agricoles, doivent céder une part de leurs récoltes à l'armée allemande, réduisant leur capacité de subsistance. La Première Guerre mondiale amplifie encore cette pression, avec des jeunes hommes enrôlés dans l’armée allemande, laissant les exploitations en sous-effectif. Cette militarisation force les habitants à s'adapter en permanence pour faire face aux besoins de la guerre tout en assurant leur survie économique.

  • Sources : Grandhomme J.-N., Les Alsaciens-Lorrains dans les camps d’internement du Finistère, 2002 ; ADHR, 16AL2/1.

Novéant-sur-Moselle : Fortifications et Surveillance Militaire

Renommée “Neuburg” par l'administration allemande, Novéant-sur-Moselle devient un point de défense stratégique. La langue française est bannie des institutions locales, et les jeunes hommes, sont souvent mobilisés. La forte présence militaire impose une surveillance constante qui génère un climat de méfiance généralisée, où les activités économiques et sociales locales sont strictement encadrées pour garantir la loyauté au Reich.

  • Sources : Eichenlaub J.-L., « Le paradis tricolore », Revue d’Alsace, n° 139, 2013 ; Hesse Generalmajor a. D., Spionage der elsässische Bevölkerung, 1931.

Villecey-sur-Mad : Refuge et Surveillance en Zone Française

Bien que située en territoire français, Villecey-sur-Mad est influencée par la proximité de la zone annexée. La commune accueille des réfugiés d’Alsace-Lorraine fuyant la conscription allemande, tandis que les autorités françaises surveillent étroitement les mouvements, craignant les infiltrations. Les échanges avec les villages annexés sont limités, contraignant la famille "Navel" et les autres habitants à adapter leurs activités économiques en conséquence.

  • Sources : ADHR, 16AL2/26 ; Carre A., Les engagés volontaires Alsaciens-Lorrains, Paris, 1923.

Pagny-sur-Moselle : Centre Industriel et Point de Surveillance

Proche de la frontière, Pagny-sur-Moselle devient un centre industriel stratégique avec les usines Henrion, spécialisées dans le charbon et le ciment. En 1915, ces infrastructures sont bombardées, perturbant l’économie locale. Les familles subissent les interruptions de travail et l’intensification des contrôles militaires. Pagny devient aussi un lieu de passage pour les réfugiés, augmentant les surveillances et amplifiant la méfiance dans la région.

  • Sources : Archives départementales de Meurthe-et-Moselle ; Roth, F., La Lorraine annexée, Metz, 2007.

Coin-lès-Cuvry : Tensions Culturelles et Pressions Économiques

À Coin-lès-Cuvry, la germanisation imposée par l’Empire allemand génère de fortes tensions culturelles et des restrictions économiques. Les réquisitions de biens et de récoltes pour soutenir l’effort de guerre affectent les familles, en réduisant les ressources locales. La conscription prive les familles de main-d’œuvre et fragilise les exploitations. La population doit naviguer entre adaptation contrainte et défense de son identité culturelle, tout en vivant sous surveillance constante.

  • Sources : Eichenlaub J.-L., Revue d’Alsace, n° 139, 2013 ; Hesse Generalmajor a. D., Spionage der elsässische Bevölkerung, 1931.
Les communes et les familles mentionnées ne constituent qu'un aperçu de celles qui ont enduré ces contraintes constantes entre 1870 et 1918.

En un mot

Entre 1871 et 1918, la famille "Carton", comme beaucoup d’autres en Moselle et Meurthe-et-Moselle, est marquée par l’annexion allemande et la Première Guerre mondiale. Dans les communes annexées, la germanisation, les pressions économiques et les conscriptions ont pesé lourdement sur les habitants, alors que les villages restés français vivaient sous la tension d’une proximité frontalière. L’histoire de la famille Carton illustre la lutte des populations locales entre adaptation forcée et résilience culturelle, dans un contexte de bouleversements imposés par les conflits internationaux.


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