Méthodologie pour retracer le parcours des conscrits en Moselle (1871-1918)
Méthodologie complète pour la recherche des conscrits Carton en Moselle (1871-1918)
Contexte historique de la conscription en Moselle
Spécificités des archives disponibles sous l’annexion (1871-1918)
Étape 1 : Identification des conscrits de la famille Carton et des cotes d'archives
Pour chaque membre d’un foyer, ces fiches incluent généralement :
- Nom, prénom, date et lieu de naissance,
- Adresse de résidence ainsi que les dates d’arrivée et de départ de chaque domicile, permettant de suivre les déplacements successifs d'une personne ou d’une famille,
- Profession et, dans certains cas, l’évolution de l’activité professionnelle,
- Statut marital et composition du ménage, incluant les noms des autres membres de la famille vivant sous le même toit,
- Parfois, des annotations supplémentaires liées à des statuts particuliers, comme des périodes d’engagement militaire, des emprisonnements, ou des séjours temporaires dans d’autres villes ou pays.
1. Identifier les adresses précises des différents membres pendant leurs années de conscription, durant leurs périodes de formation dans les dépôts de recrues, et après leur retour éventuel de l'armée.
2. Suivre leurs mouvements de résidence au sein de la Moselle ou au-delà, ce qui pourrait refléter des mobilisations temporaires ou des déplacements liés aux exigences de l'armée impériale allemande.
3. Obtenir des informations contextuelles sur leur situation professionnelle et familiale pendant les années de service militaire, ce qui aide à mieux comprendre l'impact de la conscription sur leur vie personnelle.
4. Repérer des mouvements migratoires ou des changements de situation dans les années postérieures à leur service militaire, ce qui pourrait inclure des regroupements familiaux ou des relocalisations suite à des événements de la Première Guerre mondiale.
Ces fiches sont conservées dans les archives communales des villes ou villages d’origine, comme Novéant, Dornot et Maxéville, mais elles peuvent également être consultées dans certaines archives départementales (comme celles de la Moselle).
- Ernest (Ernst) Carton, né en 1893 à Novéant, classe 1913.
- Adrien (Adrian) Carton, né en 1892 à Novéant, classe 1912.
- Alfred Louis Alphonse (Ludwig) Carton, né en 1889 à Maxéville, classe 1909.
- Émile Carton, né en 1863 à Dornot, classe 1883.
Consultation des listes préparatoires au recrutement
- Henri : 12 AL 86.
- Ernest : 12 AL 73.
- Adrien : 12 AL 72.
- Alfred : 12 AL 70.
- Émile : 12 AL 44.
Ces listes détaillent :
- Nom, prénom, date et lieu de naissance.
- Profession, domicile, religion.
- Taille, tour de poitrine, condition physique.
- Décisions du conseil de révision (exemption, ajournement, incorporation).
Étape 2 : Comprendre les catégories de conscription
- Liste A : Exemption totale.
- Liste B : Exclusion pour raisons médicales ou mentales graves.
- Liste C : Affectation au Landsturm (garnison ou travaux de fortification).
- Liste D : Réserve supplétive (Ersatz Reserve).
- Liste E : Incorporation pour service actif.
- Liste F : Affectation à la Marine.
Annexes (Beilage) pour cas particuliers :
- Beilage 1 : Décision en attente.
- Beilage 2 : Absents lors du recrutement.
- Beilage 3 : Volontaires pour un service d’un an.
Étape 3 : Recherche des documents spécifiques
- Les conscrits mosellans, y compris les Carton, étaient formés dans des dépôts situés à Metz, Trèves, Sarrebruck
- Programme de formation : maniement du fusil Gewehr 98, discipline militaire, exercices de combat.
Cotes utiles : Documents sur les dépôts de recrues et les formations spécifiques (12 AL 18-24).
2. Identification des régiments
- Rechercher les régiments spécifiques des Carton (par exemple, 18e Régiment d’Infanterie de Réserve en 1916 ou unités similaires).
- Utiliser les chroniques régimentaires disponibles pour retracer les batailles et déplacements.
Étape 4 : Recherche de la Dienstzeitbescheinigung
Étape 5 : Conditions de vie des conscrits mosellans
- Conditions strictes dans les dépôts : logements exigus, nourriture frugale, hygiène sommaire.
- Ordres militaires donnés en allemand, renforçant le sentiment d’aliénation culturelle.
- Les Mosellans, souvent jugés peu fiables, étaient souvent affectés au front de l’Est (Russie) pour limiter les désertions.
3. Dilemmes identitaires
- Obligation de combattre sous uniforme allemand, parfois contre des soldats français.
- Témoignages de conscrits décrivant leurs angoisses, leur résistance morale et leur solidarité entre camarades mosellans.
- Décorations possibles : Eisernes Kreuz II Klasse (Croix de fer de seconde classe).
- Promotions (Gefreiter, Vizefeldwebel) mentionnées dans les archives militaires ou régimentaires.
Étape 7 : Assistance et pensions après-guerre
- Les anciens conscrits pouvaient demander des aides ou pensions.
- Documents potentiels : relevés de pensions, états civils, demandes d’assistance aux familles.
1. Relevés des tombes et monuments
- Cotes 12 AL 293-295 : Monuments militaires de la région de Metz.
- Cotes 279-292 : Tombes recensées par commune, y compris Novéant.
2. Mémoire locale
- Les noms peuvent figurer sur des monuments dédiés aux Mosellans enrôlés ou tombés au combat.
Les répertoires et tables (cotes 302-303) facilitent la navigation dans les archives, permettant une recherche ciblée par noms, lieux ou événements.
En un mot
Les membres concernés de la famille Carton (pro-Française) :
- Décédé à Narajowka sur le front Oriental en 1916 dans le RIR 18 prussien et malgré lui sous l'uniforme Allemand.
- S'engage en 1913 dans la Légion étrangère Française et combat pour la France dans les Balkans. Décède en 1966 en Moselle.
- Déchue de la nationalité Allemande, Évacué par l'armée Française en Isère, sert d'interprète dans les mines pour la France et ensuite affecté au 106e RI . Meurt à 58 ans en Meurthe et Moselle.
- 1914-1918 ?, Affecté au 154 RI en 1922, en 1940 est expulsé de Moselle par les Allemands, et Décède seul en 1941 en Gironde
- Émile Carton, né en 1863 à Dornot, classe 1883.
- Expulsé par les Allemands de Moselle, il Décède seul en 1940 et à 77 ans à Lyon.
Fiche d’identité du Régiment d’Infanterie de Réserve n° 18 (18e RIR)
Fiche d’identité du Régiment d’Infanterie de Réserve n° 18 (18e RIR)
- Nom complet : Régiment d’Infanterie de Réserve n° 18 (Reserve-Infanterie-Regiment Nr. 18)
- Actif : 2 août 1914 – mi-septembre 1918
- Nation : Empire allemand (Deutsches Kaiserreich)
- Armée : Armée prussienne (Preußische Armee)
- Type : Régiment d’infanterie
- 02.08.1914 : Le régiment de réserve est mobilisé selon le plan de mobilisation.
En plus de l’entrée en campagne du régiment, un bataillon de remplacement et un dépôt de recrues sont mis en place.
- 1er bataillon à Braunsberg
- 2e bataillon à Deuscht. Eylau
- IIIe bataillon à Osterode
avec 2 compagnies de mitrailleuses
Commandants de régiment
02.08.1914 :
- Lieutenant-colonel Frhr. v. Lützow (v. IR 152)
- I. Bataillon : Major v. Schlieben (v. IR 59 ; † 17.11.14)
- II. Batl. : Major v. Poten (v. IR 152 ; † 22.11.14)
- III. Batl. : Major Frühling (v. IR 152)
-Composition initiale :
- 12 compagnies d’infanterie
- 2 compagnies de mitrailleuses (1914)
- Augmentation à 3 compagnies de mitrailleuses (1916)
- Effectif : Entre 2000 et 2500 hommes
Subordination :
Affectations principales :
- 1ère division de réserve (1914 - mi-guerre)
- 225e division (fin de la guerre, après réorganisation)
Théâtres d’opérations :
Front de l’Est
- Bataille de Gumbinnen
- Bataille de Tannenberg
- Bataille des Lacs de Mazurie
- Bataille de Lodz
- Przasnysz- Schaulen
Offensive Broussilov
Riga
Front occidental
- Offensive allemande du printemps 1918
Rôle dans la Première Guerre mondiale :
Le 18e Régiment d’Infanterie de Réserve était une unité de l’armée prussienne mobilisée dès le début de la guerre. Initialement déployé sur le front de l’Est, il a pris part aux grandes victoires allemandes, notamment à Tannenberg, aux Lacs de Mazurie et la Galicie, avant d’être transféré au front occidental en 1918 pour participer à l’offensive du printemps. Il s'est distingué dans des combats de haute intensité, mais comme de nombreuses unités allemandes, il a souffert de l’épuisement et du manque de ressources à la fin de la guerre.
Dissous à la mi-septembre 1918 dans le contexte de la désorganisation croissante de l’armée allemande, le 18e RIR illustre la trajectoire typique des régiments de réserve : un engagement massif en début de conflit, une guerre d’usure prolongée, et une désintégration progressive sous la pression alliée.