Émile Carton : Un Lorrain Face aux Guerres et à l'Occupation

Récit chronologique d’Émile Carton : Une vie entre la terre et l’histoire


Émile : Un Lorrain Face aux Guerres et à l'Occupation  
Depuis le 21 septembre, les autorités civiles et militaires faisaient dresser des listes des personnes, parlant uniquement le français et censées être de sentiments français ou refusant d’entrer dans la “Communauté du peuple allemand”, la D.V.G. ou la “deutsche Volksgemeinschaft”.

3ème vague : expulsions massives en novembre 1940

Le 21 septembre 1940, le Gauleiter Bürckel annonce qu’il a l’intention de procéder à un échange de population avec la France afin que la Lothringen soit entièrement germanisée. L’ambassadeur Abetz est informé le 31 octobre de cette action. Il n’y est pas favorable car il a peur que cela compromette la politique de « Kollaboration » franco-allemand amorcée à Montoire le 24 octobre 1940. Hitler a approuvé l’opération. Laval et le gouvernement de Vichy en ont été avisé le 2 novembre. L’opération est déclenchée le 11 novembre 1940. La date anniversaire de l’armistice de 1918. Un air de revanche.
Pendant ce temps là en Lothringen, les chefs locaux politique de la Deutsche Volksgemeinschaft (DVG) la branche lorraine du parti nazi sont chargés de dresser des listes d’expulsions. Elles vont servir à établir les avis d’expulsions qui seront notifiés par la Gestapo.
L’action vise ceux qui parlent uniquement le français, qui sont francophile ou qui refusent d’entrer dans la D.V.G. Les expulsions touchent l’ensemble du département, elles vont toucher en priorité les cantons de la Meurthe qui ont été rattachés à la Moselle allemande en 1871.
Baptisée «Aktion D » est menée par des Einsatzkommandos de la SIPO SD épaulés par les bataillons de l’Ordnungspolizei : 58 711 expulsés mosellans embarqués à bord de 66 trains vont converger sur Lyon.
Cela marque la fin des expulsions massives."

Les expulsions et les transplantations en Moselle de 1940 à 1945. 

  • Par Henri Hiegel.

"De 1940 à 1944 les autorités allemandes et nationales-socialistes procédèrent à la même action de nettoyage, la Sâuberungsaktion, soit par expulsion ou Ausweis-ung vers la France de 1940 à 1943."


Comment se firent les expulsions ? La Gestapo arrêtait les expulsés à toute heure, même la nuit et n'importe où. Parfois les expulsés ne purent même pas revenir à leur domicile. Par personne adulte ils n'eurent le droit d'emporter que 2 000 F et 50 kg de bagages et par enfant 1 000 F et 30 kg. 

  • Les scellés furent posés sur les appartements ou les maisons, mais la plupart du temps les gestapistes s'emparèrent du surplus d'argent, des livrets des caisses d'épargne, des bijoux, des vêtements ou des réserves de vivres. 
Les expulsés furent conduits tantôt en autobus à la nouvelle frontière, celle de 1871 à 1914, tantôt acheminés par trains à la ligne de démarcation. 
  • La plupart échouèrent au Palais d'exposition de Lyon, où l'accueil fut, tout au moins au début, très précaire. Ils couchèrent longtemps sur la paille. 
Un médecin de Thionville y créa un service médical et le préfet Bourrât à partir d'août 1940, le Service des réfugiés d'Alsace et de Lorraine." 

  • La police de sûreté et de protection arrêta avec un préavis de quelques minutes à deux heures les expulsés au matin de très bonne heure, même à partir de 3 heures jusqu'au soir très tard." 

"Le transfert fut effectué du 11 au 21 novembre dans le plus grand désordre. 

"Des autobus, réquisitionnés en Allemagne, même à Berlin, conduisirent les expulsés aux lieux de rassemblement, puis aux gares d'embarquement de Sarrebourg, Avricourt, Réchicourt-le-Château, Dieuze, Château-Salins, Metz, Moyeuvre-Grande et autres"

Quel est le nombre des expulsés de novembre ? 

Du 12 au 23 novembre 66 trains d'expulsés mosellans arrivèrent à Lyon. 58 771 expulsés furent dénombrés soit 59 % des 100 000 annoncés par Biirckel et un peu plus d'un tiers des 150 000 que Biirckel voulait expulser primitivement. 

  • Plus de trois quarts de la population des cantons de Delme, de Château-Salins et Vic-sur-Seille partirent de force. 
  • A Delme 523 habitants sur 588, à Bacourt 116 sur 173, à Donjeux 82 sur 82, à Juville 136 sur 140, à Laneuveville 243 sur 250, à Obreck 97 sur 98, à Dieuze 90 °/o de la population, à Hesse 226 sur 600, à Tarquimpol 123 sur 127. 
  • A Metz 10 000 personnes partirent le 21 novembre et à Vigy, toute la population. A Moulins-lès-Metz, comportant 1 745 habitants, 188 furent expulsés en août, 69 en septembre et 600 le 11 novembre et à Fontoy, 700 sur 3 690. 
  • Les trois derniers trains, arrivant le 23 novembre à Lyon, transportaient les expulsés de la région de Forbach, de Sarreguemines, Bitche et Sarrebourg. 
  • De Kalhausen partirent 23 personnes, dont 14 d'origine russe et une famille de huit personnes, dont le chef avait crié «Vive la France» dans une réunion de la D.V.G., et un célibataire, qui était volontaire. Le curé, âgé de 79 ans, suivra en juillet 1941-pour refus d'entrer dans la D.V.G. "

La revue française de généalogie
  •  Archives départementales 57
Seule la vague d’expulsions de novembre 1940 fait l’objet de listes détaillant les communes d’origine des expulsés, les numéros et la composition des trains au départ de Moselle contrôlés à Lyon ainsi que leur lieu et leur date d’arrivée. Les vagues de juillet, août et septembre 1940 ne sont donc pas concernées."

Naissance et Enfance en Moselle (1863 - 1871)

Émile est né le 5 mars 1863 à Dornot, une petite commune de Moselle, dans une région marquée par les tensions franco-allemandes. Il est le fils de François et de Clara Niclout, une famille ancrée dans la terre de Moselle. À 7 ans, Émile assiste à la guerre franco-prussienne de 1870, qui bouleverse sa région et conduit, après la défaite française, au traité de Francfort en 1871. Ce traité cède l’Alsace et une partie de la Lorraine, dont la Moselle, à l’Empire allemand.

La région, désormais appelée Reichsland Elsass-Lothringen, subit une germanisation forcée, mais Émile, comme de nombreux Mosellans, reste profondément attaché à son identité malgré le changement de lois et de culture imposées.

Vie d'Adulte : Forgeron, Vigneron à Novéant, et Père de Famille (1886 - 1892)

À l'âge de 22 ans, le 10 février 1886, Émile épouse Guillaumine (Wilhelmine) "Emilie" Guillaumine Toussaint à Novéant-sur-Moselle. 

Ensemble, ils fondent une famille, accueillant rapidement leur première fille, Ida, née la même année.

  • Émile débute sa carrière comme forgeron à Maxéville en 1889, mais les difficultés en Lorraine l’amènent à reprendre son activité de vigneron pour mieux subvenir aux besoins de sa famille.

Le couple aura plusieurs enfants :  

  • Ida (1886-1919)  
  • Alfred Louis Alphonse (1889-1941), expulsé de Moselle par les Allemands en 1940 . Réformé tant du service militaire Allemand comme Français pour paralysie partielle. (Coureur cycliste amateur). 
  • Adrien (1892-1958), ouvrier et propriétaire marié en France, déchue de la nationalité Allemande pour désertion. Il travaille et sert d'interprète avec les prisonniers Allemands dans les mines de charbons en Isère ou il a été évacué de Pagny par l'armée Française en 1914/15.  
  • Ernst "Ernest" (1893-1966), conducteur, propriétaire et pensionné militaire, s'engage en 1912  dans la Légion étrangère Française.
  • Henri "Heinrich" (1895-1916), enrôlé dans l'armée Allemande, au RIR n°18 est tué au combat à Narajowka lors de l'offensive Broussilov le 20 septembre 1916.  
  • Clémentine Marguerite (1898-1899), décède à 1 ans.

En 1892, Émile devient propriétaire vigneron à Novéant, une profession typique en Lorraine, bien que la viticulture traverse une période difficile à cause de la crise du phylloxéra, un insecte dévastateur. Malgré cela, Émile continue de cultiver sa vigne restante, tout en travaillant en complément comme journalier afin de subvenir aux besoins de sa famille.

Première Guerre Mondiale et Ses Tragédies (1914 - 1919)

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, la famille d'Émile est profondément affectée. 
  • Son fils Adrien, marié en 1913 à Hélène Navel, une Française vit depuis à Villecey sur Mad en Meurthe et Moselle. Il ne réagit pas à la mobilisation allemande de 1914 et il est évacué précipitamment par l'armée Française en direction de la Mure en Isère. 
  • Ernest, quant à lui, s'engage dans la Légion étrangère en 1912 et combat pour la France. 
  • Alfred, affaibli par des problèmes de santé (paralysé).
  • Henri (Heinrich) restent en Moselle auprès de son père. Comme beaucoup de jeunes Lorrains de l’époque, Henri est enrôlé dans la Wehrmacht.

En 1916, lors de l'offensive Broussilov sur le front russe, Henri (Heinrich), trouve la mort au combat. Cette offensive, menée par l'Empire russe contre les puissances centrales, fut l'une des plus sanglantes de la Première Guerre mondiale, causant des pertes massives des deux côtés. 

Pour Émile et Émilie, cette nouvelle est un choc. Ils avaient déjà vu leur famille divisée par les conflits de loyauté imposés par la guerre. La mort de leur fils, tombé sous un uniforme Allemand, est d'autant plus douloureuse qu'ils avaient espéré que leurs enfants, échapperaient à ce sort tragique. Henri dit Heinrich, jeune homme pris dans une guerre qui ne lui appartenait pas, est devenu une autre victime de cette tension entre la France et l'Allemagne, qui déchirait des familles entières en Lorraine.

Cette perte bouleverse la vie des Carton, un père, voit son monde bouleversé, et son épouse Émilie ne se remet jamais vraiment du chagrin causé par la disparition de leur fils. La guerre ne leur a pas seulement volé un enfant, mais elle a aussi brisé l'unité de leur famille, exacerbant le sentiment d'injustice et d’impuissance que tant de Lorrains ont ressenti. 

Ce deuil marque une rupture profonde, une douleur à la fois intime et représentative du destin tragique de nombreuses familles mosellanes.

Trois ans plus tard, en 1919, la famille est à nouveau frappée par le deuil avec la mort de leur fille Ida, emportée par une pneumonie à seulement 33 ans. Cette perte, survenue peu après la fin de la guerre, plonge une fois de plus Émile et Émilie dans la douleur. 1919 marque également la fin de la domination allemande en Moselle, grâce au traité de Versailles, qui réintègre la région à la France après des décennies de germanisation. 

En 1934, un nouveau coup frappe la famille avec le décès d'Émilie Toussaint, épouse d'Émile. Ménagère, elle succombe à une pneumonie le 7 novembre 1934 à l'hôpital de Metz, laissant Émile seul. Émilie avait 71 ans.

Seconde Guerre Mondiale et l'Expulsion Nazie (1940)

En 1940, l'Allemagne nazie envahit de nouveau la France et annexe la Moselle, qu’elle intègre au Reich. Les autorités nazies mettent en place un programme de germanisation totale, visant à effacer toute trace de culture française. Les habitants doivent adopter la langue allemande, et toute forme de résistance est sévèrement réprimée.

Émile veuf alors âgé de 77 ans, est connu pour son indépendance morale. Comme de nombreux Mosellans, il refuse de se plier. 

En septembre 1940, les autorités nazies commencent à dresser des listes d’expulsion avec l'aide des mairies locales. 

Ces listes ciblent les personnes jugées trop francophiles ou attachées à la culture française. Émile est rapidement inscrit sur l'une de ces listes.

L'Expulsion Violente et ses Répercussions (Novembre 1940)

En novembre 1940, les autorités allemandes déclenchent une vaste opération d’expulsion des Mosellans francophones



Les familles sont brutalement réveillées à l’aube, souvent vers 3 heures du matin, sans avertissement. Les habitants, y compris les vieillards, les enfants, et même les religieux des hospices, sont forcés de quitter leur domicile en quelques minutes, n’emportant que quelques affaires. Ceux qui résistent, comme Émile, sont confrontés à des représailles violentes.

Refusant de quitter sa terre, Émile se rebellant et emmené par les soldats allemands et doit être fusillé. Cependant, il sera expulsé de force avec d'autres et embarqué dans des bus réquisitionnés ou des trains.

Arrivé en France, Émile est atteint physiquement et moralement. Les mauvais traitements subis, combinés à la fatigue de l'expulsion et aux conditions précaires, l’ont gravement affaibli. 

Les quatre départs d'expulsés listés de Novéant sont les suivants :

  • 13 novembre 1940 : Convoi n°7,  Date d'Arrivée d'Émile à Lyon-Brotteaux-Herriot
  • 14 novembre 1940 : Convoi n°14
  • 21 novembre 1940 : Convoi n°57
  • 22 novembre 1940 : Convoi n°65

Il arrive entre le 13 novembre 1940 à Lyon-Brotteaux,  avec un de ces convois où il doit transiter pour une destination : l'Ariège, le Haut et Garonne, le Vaucluse ou le Lot et Garonne.

Les Derniers Jours d’Émile : Mort en Exil à Lyon (1940)

Convois d'expulsés Mosellans 1940

Émile arrive à Lyon et il est hospitalisé le 13 novembre 1940 à l'Hôpital Herriot salle "Ebis". Il y décède le 23 novembre 1940 à 11h30, de "mort naturelle" à l’âge de 77 ans, peu de jours après son arrivée. 

Lyon Brotteaux

Fiche de l'Hôpital Herriot d'Émile



Décédé il est inhumé comme "indigent" le 27/11/1910 à 8h dans le cimetière de la Guillotière, loin de sa terre de Moselle. 

Convoi funéraire le 27 novembre 1940.

Cimetière de la Guillotière (ancien), Lyon 69007, 92 boulevard des Tchécoslovaques, porte secondaire.

En un mot : Un Homme de Résistance et de Courage


Expulsion de 1940

Émile Carton, 77 ans, et son fils Alfred, 51 ans, à moitié paralysé à la suite d’un accident de vélo lors d’une course amateur, vivaient modestement au 13, rue du Président Millerand, à Novéant-sur-Moselle. Tous deux veufs depuis 1934, à quelques mois d’intervalle – Émile ayant perdu sa femme Émilie le 7 novembre et Alfred, sa femme Marie-Thérèse, le 27 janvier –, ils partageaient une existence simple, rythmée par le travail de leurs pieds de vignes et jardin. La perte de leurs épouses, suivie de la séparation tragique d’Alfred de ses enfants, avait rapproché ces deux hommes dans un quotidien empreint de deuil et de résilience.

En 1940, lors des expulsions nazies en Moselle, Émile et Alfred furent emportés dans la vague de déportation orchestrée par le Gauleiter Josef Bürckel. Ces expulsions visaient les "indésirables" : francophones, fonctionnaires français, et tous ceux refusant d’adhérer à l’idéologie de la Deutsche Volksgemeinschaft. Pour Émile et Alfred, attachés à leur culture et à leur identité françaises, le sort fut scellé.

Un matin glacial de novembre, la Gestapo frappa à leur porte. Les agents leur laissèrent à peine deux heures pour rassembler leurs affaires : 2 000 francs pour Émile, 1 000 francs pour Alfred, et quelques maigres bagages. Tout le reste – économies, provisions, et même leurs terres – fut confisqué. Leur maison fut scellée, mais ils savaient déjà qu’ils n’y reviendraient jamais. Ils furent embarqués dans un autobus, puis entassés dans un wagon bondé, dans des conditions inhumaines.

Le 13 novembre 1940, ils arrivèrent au Palais d’exposition de Lyon, transformé en centre de transit pour les expulsés mosellans. Les conditions y étaient déplorables : des paillasses à même le sol, des rations alimentaires dérisoires, et une promiscuité qui ajoutait à leur souffrance. Émile, affaibli par son âge et par les mauvais traitements subis lors du voyage, s’éteignit dix jours plus tard, le 23 novembre 1940, à l’hôpital Édouard-Herriot. Alfred, brisé par cette nouvelle tragédie, fut transféré plus tard dans un autre lieu de transit.

Alfred poursuivit néanmoins son chemin d’exil jusqu’à Cadillac, en Gironde. Là, dans un contexte de désorganisation et de privations liés à la situation des réfugiés, il travailla comme manœuvre. Mais il finit par s’éteindre à son tour, le 5 mai 1941, épuisé par les épreuves et marqué à jamais par les drames de sa vie.

L’histoire d’Émile et Alfred Carton illustre avec une poignante clarté les souffrances endurées par les Mosellans expulsés. En 1940, plus de 84 000 personnes furent déracinées, brutalisées et dépossédées par les nazis, laissant derrière elles des familles brisées et des existences anéanties. Émile et Alfred, déjà accablés par les coups du sort, furent emportés par cette tragédie collective, témoins et victimes d’une époque où l’humanité fut bafouée au nom d’une idéologie oppressive.

Récapitulatif

Émile dans le cadre de son service militaire

Émile, né en 1863 à Dornot, Moselle, a grandi sous l'annexion allemande après 1871. Lorsqu'il atteint l'âge du service militaire (1883), il est allemand en vertu du Traité de Francfort et est soumis à la conscription dans l'armée impériale, comme tous les jeunes hommes d'Alsace-Lorraine.

Points clés à retenir concernant son service militaire :

1. Perte de la nationalité française : Comme il est né en 1863, avant l'annexion, Émile perd automatiquement sa nationalité française en 1871. Il devient alors sujet allemand et, à ce titre, soumis aux lois de l'Empire allemand, y compris pour le recrutement militaire.

2. Archives militaires : Malheureusement, la recherche de détails précis sur le parcours militaire peut être complexe, car les registres matricules allemands pour les conscrits entre 1872 et 1918 ont été en grande partie détruits lors des bombardements de 1945 pendant la Seconde Guerre mondiale. 

4. Ressources pour la recherche : 

Les Archives départementales (série AL pour la Moselle) conservent des listes préparatoires au recrutement militaire, qui indiquent parfois l’arme dans laquelle un jeune homme a été versé. 

5. Première Guerre mondiale (1914-1918) : Pendant la Première Guerre mondiale, Émile Carton, alors âgé d’environ 51 ans, était trop âgé pour être mobilisé dans l’armée allemande. 

6. Conséquences après la guerre : Les fiches matricules créées après la guerre par l'administration militaire française en 1919 pour les hommes revenus en Alsace-Lorraine n’auraient pas concerné Émile, car elles se limitaient aux hommes plus jeunes encore soumis aux obligations militaires. 


La période de l'annexion (1871-1918)

En raison de l'annexion (1871-1918), la Moselle présente une particularité : il n'existe pas de registres matricules français pour les classes 1872-1918. Les archives de recrutement, autrefois conservées à Berlin, ont été détruites lors d’un bombardement à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Pour les Mosellans ayant servi dans l’armée allemande, seules subsistent les listes préparatoires au recrutement, conservées sous les cotes 12 AL 32-73, ainsi que des listes alphabétiques d'incorporation ou de révision pour certaines directions de cercle en série Z. Ces éléments rendent la reconstitution du parcours d’un soldat dans l’armée allemande durant 1914-1918 difficile, voire impossible.

Cependant, pour les soldats mosellans décédés au cours de ce conflit, l’abbé Weber, curé de Réning, a compilé entre 1919 et 1927 un livre d’or recensant plus de 15 000 soldats. Ce document mentionne leur lieu de décès et leur régiment d'appartenance (cote : 19 J 386).

Les registres des matricules des classes 1893-1918 de la sous-série 2 R sont des reconstitutions réalisées par l’administration française. Ils ne concernent qu’une partie des conscrits encore vivants en 1919 et ne fournissent aucune information sur leur activité militaire au sein de l’armée impériale allemande. En revanche, ceux des classes de l’entre-deux-guerres sont complets.

 Fiche militaire (allemande) d'Émile Carton, dit "Nicolaus" (Classe 1883)

1. Informations générales :

  • Nom complet : Émile Carton "Nicolaus" dans le registre, un surnom en référence à sa mère, Nicloux.
  • Numéro courant (Laufende No.) : 169.
  • Position dans la liste alphabétique : 191.
  • Date et lieu de naissance : 5 mars 1863, à Dornot, district de Metz, Lorraine (Reichsland Elsaß-Lothringen).
  • Domicile : Novéant-sur-Moselle, proche de Metz.
  • Religion : Catholique.
  • Profession : Vigneron.
  • Taille : 175 cm.

2. Évaluation physique et médicale :

  • Défauts corporels (Körperliche Fehler) :
Noté 87/92,  indique une évaluation physique.
  • Observations :
Émile a été évalué par la commission, mais aucune mobilisation active n’a été décidée.

3. Recrutement :

  • Numéro de tirage au sort (Los-Nummer) : 56.
  • Proposition de la commission de remplacement (Vorschlag der Ersatz-Kommission) :
    • Jugé apte pour le service, potentiellement orienté vers l’artillerie de campagne (Feldartillerie), comme en témoigne la mention "Feldart.".
  • Décision de la commission supérieure (Entscheidung der Ober-Ersatz-Kommission) :
    • Décision finale : "Zuführbar 57", signifiant qu’il était jugé apte à être affecté mais n’a pas été mobilisé activement.

4. Stationnement et contexte :

Affectation théorique :
  • Émile était administrativement affilié au 69ᵉ Régiment d'Infanterie de Remplacement, une unité chargée de gérer les recrues locales.
  • La mention "Feldart." pourrait indiquer une orientation envisagée vers une unité d’artillerie de campagne, mais cela n’a jamais été concrétisé. :
  • Émile n’a pas été mobilisé ni transféré vers une unité active, restant à Novéant-sur-Moselle.

Sources disponibles et possibilités de recherche :

  • Archives départementales de Moselle (séries AL pour les listes préparatoires, série R pour les fiches matricules reconstituées après 1919).
  • La base de données Mémoire 1870-1918 des Archives départementales de Moselle pour les soldats morts en service.
  • (https://ersterweltkrieg.bundesarchiv.de/genealogie.html)
pour les unités et les régiments allemands pendant la Première Guerre mondiale.
  • Les listes de prisonniers de guerre sur le site de la Croix-Rouge internationale pour obtenir des informations sur les soldats capturés pendant la guerre.

Archives allemandes

(site-du-Bundesarchiv, -[ersterweltkrieg.bundesarchiv.de] - 





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