Guerre d’usure 1914 : Le 18e RIR dans les tranchées de Prusse-Orientale
Le 18e RIR : Engagements et pertes en Prusse-Orientale
Du 3 Octobre au 8 Novembre 1914.
En-tête du listing de Berlin :
217. Ausgabe. Deutsche Verlustlisten. (217e édition. Listes de pertes allemandes.)
24. November 1914. (24 novembre 1914.)
Traduction :Réserve-Infanterie-Regiment Nr. 18, Deutsch-Eylau, Braunsberg, Osterode.
(Régiment d'Infanterie de Réserve n°18, Deutsch-Eylau, Braunsberg, Osterode.)
Biwakstellen vom 4.10. bis 7.11.
(Emplacements de bivouac du 4 octobre au 7 novembre.)Roszewo vom 8.10. bis 7.11.
(Roszewo du 8 octobre au 7 novembre.)Wojszwitz vom 11.10. bis 5.11.
(Wojszwitz du 11 octobre au 5 novembre.)u. Stallupönen am 7.11.14.
(et Stallupönen le 7 novembre 1914.)
Une période intense pour le 18e RIR
Pendant l’automne 1914, le 18e Régiment d’Infanterie de Réserve (RIR) a été engagé dans plusieurs batailles sur le front oriental, plus précisément en Prusse-Orientale. Ces engagements, documentés dans les archives officielles, montrent une série de combats intenses dans les localités de Wirballen, Pojewon, Wojsznitz, et Stallupönen, où le régiment a alterné entre défense statique, contre-attaques et offensives localisées.
Voici une restitution détaillée des mouvements, des batailles, et des pertes subies par le régiment.
Localisations et batailles majeures : Octobre-Novembre 1914
1. Wirballen (4 octobre - 7 novembre 1914)
Contexte :
Wirballen, aujourd’hui Virbalis (Lituanie), était une localité clé pour les positions défensives allemandes après leurs victoires à Tannenberg et aux Lacs de Mazurie.
Ce secteur était vital pour empêcher les Russes de reconquérir des territoires en Prusse-Orientale.
Actions militaires :
Le 18e RIR a été impliqué dans des combats prolongés, alternant attaques et retraites.
- La guerre de tranchées a dominé cette période, avec des escarmouches régulières et des échanges d’artillerie.
Importance stratégique :
Le contrôle de Wirballen a permis de sécuriser un couloir stratégique entre la frontière russe et la Lituanie, crucial pour les mouvements logistiques allemands.
2. Pojewon (8 octobre - 7 novembre 1914)
Contexte :
Pojewon, situé dans l’actuel oblast de Kaliningrad (Russie), était un autre point clé sur la ligne de front.
- Les combats ici ont été particulièrement violents en raison des contre-offensives russes, qui tentaient de reprendre l’initiative.
Actions militaires :
Le 18e RIR a participé à des actions défensives et offensives pour maintenir la ligne et repousser les attaques russes.
Lien avec les batailles :
Les combats de Pojewon-Pillupönen, signalés le 5 novembre, montrent une intensité accrue des engagements sur ce secteur.
3. Wojsznitz (11 octobre - 5 novembre 1914)
Contexte :
Wojsznitz, aujourd’hui Woznice (Pologne), se trouvait sur une ligne de repli russe après les victoires allemandes de l’été.
- Le régiment y a mené des actions pour harceler les troupes russes et stabiliser les positions.
Actions militaires :
Les mouvements à Wojsznitz reflètent probablement une dispersion des forces du 18e RIR, avec des engagements limités pour contenir les troupes ennemies en retraite.
4. Stallupönen (7 novembre 1914)
Contexte :
Stallupönen, aujourd’hui Nesterov (Russie), avait déjà été le théâtre d’une bataille majeure en août 1914.
- En novembre, le régiment semble y avoir été repositionné après les combats à Wirballen et Pojewon.
Actions militaires :
La mention de Stallupönen indique probablement une phase de repos ou de réorganisation pour le 18e RIR, épuisé par les combats prolongés des semaines précédentes.
Les batailles principales durant cette période
Les engagements du 18e RIR correspondent à trois batailles principales répertoriées dans les archives :
1. Batailles de tranchées pour Wirballen (3 octobre - 5 novembre 1914)
- Une guerre d’usure dans les bois et les tranchées autour de Wirballen, avec des alternances d’attaques et de retraites.
2. Combats de Pojewon-Pillupönen (5 novembre 1914)
- Une série d’assauts offensifs localisés, visant à consolider les positions allemandes et repousser les contre-attaques russes.
3. Bataille de Göritten (6-8 novembre 1914)
- Une offensive allemande coordonnée, dans laquelle le 18e RIR a contribué à la prise de positions stratégiques près de Göritten (aujourd’hui Gusev, Russie).
Les pertes subies par le 18e Régiment d’Infanterie de Réserve
Victimes documentées :
Grâce aux listes officielles des victimes, nous disposons d’un décompte précis des pertes subies par le régiment durant cette période :
- Tués au combat (gefallen) : 47 soldats.
- Blessés (verwundet) : 110 soldats.
- Disparus (vermisst) : 12 soldats.
Pertes totales estimées :
Environ 169 soldats touchés sur cette période, ce qui représente entre 7 % et 10 % de l’effectif total du régiment (estimé entre 2 000 et 2 500 hommes en 1914).
Ces chiffres sont représentatifs des pertes subies par les régiments engagés dans une guerre de tranchées prolongée.
Effectifs estimés pour la 5e compagnie du 18e RIR en 1914
La 5e compagnie du 18e Régiment d’Infanterie de Réserve devait initialement compter entre 240 et 250 hommes lors de sa formation en août 1914. En octobre-novembre 1914, après plusieurs engagements (Tannenberg, Lacs de Mazurie, etc.), son effectif réel aurait probablement été réduit à environ 200 hommes ou moins, en fonction des pertes précédentes.
IIe Bataillon, 5e Compagnie - Du 3 Octobre au 8 Novembre 1914.
1. Sergent August Sabot – Freiburg – légèrement blessé.
2. Caporal Richard Rieger – Friedland, Halberweg – tombé.
3. Soldat Richard Weber – Dortmund – tombé.
4. Soldat August Birk – Reit, près de Saulgrub – tombé.
5. Soldat Karl Fischer – Sommerau, Polenenz – légèrement blessé.
6. Lieutenant Wilhelm Kante – Reichen, Nied. Weinstraße – disparu.
7. Soldat Adolf Wilsch – Gehlen, Nied. Weinstraße – tombé.
8. Caporal Wilhelm Geiler – Königsberg – tombé.
9. Caporal Fritz Reinkord – Steglitz, Berlin – légèrement blessé.
10. Soldat Friedrich Schäfer – Dörnigheim – tombé.
11. Caporal Ernst Witzel – Fischau, Galicie – grièvement blessé.
12. Soldat Heinrich Weiß – Jüterbog – grièvement blessé.
13. Soldat Karl Müller – Hofmann, Bavière – légèrement blessé.
14. Soldat Gustav Heller – Neu-München, Bavière – disparu.
15. Soldat Johann Maier – Tranz, Bavière – tombé.
16. Soldat Friedrich Feller – Wetzlar, Hesse – tombé.
17. Caporal Max Theurer – Traunfeld, Hesse – légèrement blessé.
18. Caporal Paul Holzmann – Leipzig – tombé.
19. Soldat Heinrich Dietrich – Kassel – légèrement blessé.
20. Soldat Otto Riedel – Munich – tombé.
21. Soldat Hans Juetling – Breslau – grièvement blessé.
Les mentions indiquent leur statut au moment du rapport :
- Tombé (gefallen) : mort au combat.
- Disparu (vermisst) : porté disparu.
- Légèrement blessé (leicht verwundet).
- Grièvement blessé (schwer verwundet).
Analyse des engagements
Les combats documentés mettent en lumière :
1. L’adaptation à une guerre de position :
- - Après les victoires de l’été 1914, le front de Prusse-Orientale s’est transformé en une guerre d’usure, exigeant une organisation défensive solide et des actions offensives limitées.
2. Le rôle central du 18e RIR :
- - En tant qu’unité de réserve intégrée à la 1ère Division de Réserve, le régiment a joué un rôle clé dans la stabilisation des lignes et la défense des positions stratégiques.
3. Des pertes significatives mais soutenables :
- - Bien que les pertes soient lourdes, elles étaient compatibles avec les taux moyens enregistrés sur le front oriental.
En un mot : Un régiment en première ligne dans la guerre d’usure
Le 18e Régiment d’Infanterie de Réserve prussien a été crucial dans les combats d’octobre-novembre 1914 en Prusse-Orientale.
- Ces engagements ont permis de stabiliser le front après les victoires allemandes de Tannenberg et des Lacs de Mazurie.
Cependant, le coût humain a été élevé, avec près de 170 victimes sur une période de quelques semaines.
- Ces pertes témoignent de la brutalité des combats dans des conditions difficiles, où le régiment a dû s’adapter à une guerre de position tout en menant des offensives localisées.
Sources utilisées :
- Listes des victimes de la Première Guerre Mondiale, Allemagne, 1914 à 1919.
- Jürgen Kraus : Handbuch der Verbände und Truppen des deutschen Heeres 1914–1918.
- Ruhmeshalle unserer Alten Armee (1927).
- Archives militaires allemandes.
- Histoires de deux cent cinquante et une divisions de l’armée allemande (1914-1918), Bureau de la Guerre des États-Unis, 1920.