Sous la peau de l’homme
Sous la peau de l’homme
Avant les fautes et les fuites
Avant les fièvres du regard
Avant les rêves qui s’effritent
Et les départs sans au revoir
Avant les mots, les silences
Avant le doute, avant la nuit
Avant que s’efface l’enfance
Sous la fatigue et les oublis
Il y avait ce souffle clair
Cette innocence qui ne sait pas
Que la tendresse peut se taire
Et que la vie choisit ses pas
Je revois mes mains minuscules
Dans celles de ma mère, apaisé
Un monde encore sans crépuscule
Où rien ne pouvait me blesser
J’étais un ange sans mémoire
Sans ombre au bord du chemin
Un cœur neuf, sans territoire
Un matin qui ne craignait rien
Puis l’homme est venu, maladroit
Cherchant sa route, ses raisons
Portant ses peurs comme des croix
Et ses fiertés pour illusions
Mais sous la cendre du visage
Sous l’usure des lendemains
Je sens parfois, au fond, l’image
De cet enfant qui dort encore, très loin.