L’appui d’une autre énergie

 

L’appui d’une autre énergie

Il y a des jours où tout se resserre. Le corps. L’esprit. Et ce silence, autour, plus lourd que les douleurs. Il avance comme il peut. Il se rend aux rendez-vous. Il prend les traitements. Il attend les résultats. Il tient, mais il sent bien que quelque chose, en lui, s’éteint doucement. Une fatigue sans nom. Une solitude qu’il n’ose plus dire.
Alors, parfois, il descend dans le bas de son village. Là où vit Gilbert le charmeur.
On le connaît depuis toujours, cet homme-là. Ni médecin, ni sorcier. Juste quelqu’un qui écoute. Qui pose ses mains avec lenteur. Qui murmure des mots dont on ne sait pas toujours s’ils viennent de lui ou d’ailleurs. Il ne promet rien. Il ne guérit pas. Mais il accueille.
Ce geste ne soigne pas au sens qu’en donnent les hôpitaux. Mais il soulage autrement. Il rouvre un passage. Un souffle. Un lieu intérieur où il peut, pour un moment, poser ce fardeau invisible qu’il porte seul depuis si longtemps.
La maladie l’a éloigné intérieurement du monde. Même ceux qui l’aiment ne le devinent pas. Il dort mal. Il compte les heures. Il s’efface un peu chaque jour. Alors il va voir Gilbert. Non pas pour être sauvé, mais pour être rejoint. Humainement. Silencieusement.
Gilbert ne parle pas beaucoup. Il sent. Il devine. Il touche doucement, là où ça durcit, là où ça retient. Et parfois, il reste juste là, à côté, sans rien faire. Mais cette présence suffit.
Ce qu’il reçoit là, il ne saurait le nommer. Ce n’est pas du soulagement, pas vraiment. Plutôt une paix brève. Une trêve. Quelque chose d’ancien, d’intime, qu’il croyait perdu.
Et quand il repart, ce n’est pas qu’il va mieux. Mais il est un peu plus vivant. Un peu plus relié. Il y a en lui une lumière ténue, mais tenace. Assez pour continuer à marcher.

Biographie et Généalogie