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Affichage des articles du novembre, 2025

L'ombre d'une chute

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  L'ombre d'une chute Il y a des images qui marquent, même quand on ne les a pas vécues. Un jour, il a croisé l’un de ceux qu’on appelle les invisibles. Un clochard. Un SDF. L’homme avançait lentement, glissant presque sur le trottoir, comme s’il avait cessé d’appartenir au monde. Personne ne le voyait. Mais lui, il a regardé. Cette silhouette effacée l’a frappé. Sans un mot, elle racontait la fragilité d’une vie qui bascule dans le silence. Il ne connaissait rien de l’histoire de cet homme. Rien de sa chute. Mais cette image, il l’a gardée en lui, comme un avertissement muet. Et le jour où tout s’est effondré dans sa propre vie - ses repères, son travail, son rôle, cette image est remontée à la surface. Elle s’est imposée comme une ombre possible. Il a soudain compris ce que peut devenir un homme quand le sol se dérobe sous ses pas. Et il a eu peur. Pas pour lui. Pour sa famille. La peur de ne plus pouvoir les protéger. De ne plus assurer ce qu’il avait toujours tenu pou...

Toujours ce feu discret

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  Toujours ce feu discret La nuit avance à pas légers. Un souffle passe, presque rien. Je retrouve en moi cette trace qui doucement me mène à toi. Toujours cette envie d’aimer, mais tenue dans le calme du soir. Un désir qui ne dit pas tout, et qui cherche encore ton ombre. Quand ta présence se rapproche, le monde devient plus lent. Un geste simple, un regard, et la nuit trouve sa mesure. Tu es belle dans ce silence où rien ne presse, rien ne force. Ton souffle effleure le mien comme un secret partagé. Je ne sais pas toujours où tu vas, ni quel chemin te conduit. Mais il suffit de peu de choses pour que je te sente tout près. Toujours cette envie d’aimer, discrète, patiente, fidèle. Et dans la nuit qui nous enveloppe, je garde ton nom comme une lumière.

La plage au soir calme

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  La plage au soir calme Sur le sable lent du soir, une ombre restait immobile. Le vent glissait sur son visage, effaçant doucement ses larmes. La mer portait un silence clair, un appel presque murmuré. Je marchais sans savoir pourquoi, attiré par cette solitude. Il a suffi d’approcher pour que la nuit change d’allure. Un geste simple, retenu, et le chagrin s’est apaisé. La plage gardait sa lumière, une clarté douce, presque douce. Son regard s’est relevé comme si quelque chose revenait. Dans ce calme revenu, tout semblait reprendre sa place. Un sourire a traversé l’air, fragile et pourtant solide. Laissons-le reste à la mer, laissons le soir faire son œuvre. Il suffit parfois de peu pour que la nuit devienne douce.

La part fragile des saisons humaines

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  La part fragile des saisons humaines Les temps difficiles créent des hommes forts, les hommes forts créent des temps prospères, les temps prospères créent des hommes faibles, les hommes faibles créent des temps difficiles. Il y a des phrases qui traversent les siècles comme un constat silencieux. Les temps difficiles créent des hommes forts, dit-on. Et c’est vrai qu’au cœur des périodes rugueuses, l’être humain apprend à serrer les dents, à tenir debout malgré la crainte, à s’appuyer sur l’essentiel. La force n’est jamais un choix, mais une nécessité. Puis viennent les jours plus clairs. Les hommes solides construisent des temps prospères. Ils rebâtissent, transmettent, stabilisent. Ils savent ce que coûte une saison de tourmente et cherchent à en préserver les autres. Leur force devient discrète, presque ordinaire, mais elle soutient tout. Dans ces périodes apaisées, quelque chose se relâche. Les temps prospères créent des hommes faibles, non par faute morale, mais par s...

L’appui d’une autre énergie

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  L’appui d’une autre énergie Il y a des jours où tout se resserre. Le corps. L’esprit. Et ce silence, autour, plus lourd que les douleurs. Il avance comme il peut. Il se rend aux rendez-vous. Il prend les traitements. Il attend les résultats. Il tient, mais il sent bien que quelque chose, en lui, s’éteint doucement. Une fatigue sans nom. Une solitude qu’il n’ose plus dire. Alors, parfois, il descend dans le bas de son village. Là où vit Gilbert le charmeur. On le connaît depuis toujours, cet homme-là. Ni médecin, ni sorcier. Juste quelqu’un qui écoute. Qui pose ses mains avec lenteur. Qui murmure des mots dont on ne sait pas toujours s’ils viennent de lui ou d’ailleurs. Il ne promet rien. Il ne guérit pas. Mais il accueille. Ce geste ne soigne pas au sens qu’en donnent les hôpitaux. Mais il soulage autrement. Il rouvre un passage. Un souffle. Un lieu intérieur où il peut, pour un moment, poser ce fardeau invisible qu’il porte seul depuis si longtemps. La maladie l’a éloigné intéri...

Le Dernier Souffle du Silence

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Le Dernier Souffle du Silence   Le jour se lève doucement.   Elle ouvre les yeux à six heures, comme chaque matin. Son corps connait l’heure sans avoir besoin d’une horloge. La lumière qui glisse par la petite fenêtre de la cuisine n’a rien de spectaculaire, mais elle lui suffit. Elle respire lentement, laisse ses muscles se réveiller, puis pose les pieds sur le sol froid. Ce contact la ramène à la réalité, a cette maison qui l’entoure depuis tant d’années. Le parquet, sous son poids, répond par de petits craquements familiers. Elle avance dans ce silence qui, à force d’être entendu, est devenu presque une présence.   Un espace rétréci   Elle se lave à l’évier, un peu penchée sur l’eau claire qui coule faiblement. Le miroir de l’étage, celui devant lequel elle soignait autrefois son apparence, reste hors de portée. Les marches ne sont plus un simple escalier, mais un obstacle auquel elle a renoncé. Ce renoncement n’a pas été brutal. Il s’est impose au fil des...

Sous la peau de l’homme

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  Sous la peau de l’homme Avant les fautes et les fuites Avant les fièvres du regard Avant les rêves qui s’effritent Et les départs sans au revoir Avant les mots, les silences Avant le doute, avant la nuit Avant que s’efface l’enfance Sous la fatigue et les oublis Il y avait ce souffle clair Cette innocence qui ne sait pas Que la tendresse peut se taire Et que la vie choisit ses pas Je revois mes mains minuscules Dans celles de ma mère, apaisé Un monde encore sans crépuscule Où rien ne pouvait me blesser J’étais un ange sans mémoire Sans ombre au bord du chemin Un cœur neuf, sans territoire Un matin qui ne craignait rien Puis l’homme est venu, maladroit Cherchant sa route, ses raisons Portant ses peurs comme des croix Et ses fiertés pour illusions Mais sous la cendre du visage Sous l’usure des lendemains Je sens parfois, au fond, l’image De cet enfant qui dort encore, très loin.

Ce qui demeure

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  Quand la vie se fait lourde et que les liens se distendent, il reste encore la lumière du matin, le vent sur la peau, le souvenir d’un rire ancien. L’énergie ne vient plus des autres, mais de ce qui demeure en nous, de ce que nous avons aimé, transmis, tenté, écrit. Les forces changent de visage : elles ne poussent plus à courir, mais à rester debout, à regarder le monde sans amertume. Chaque existence laisse un éclat que d’autres ramasseront un jour. C’est ainsi que tout continue, même quand tout paraît fini.

La lumière se souvient

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  La lumière se souvient Je me souviens. Rien n’était prévu, rien n’était dit. Ton regard a trouvé le mien, et tout s’est éclairé. C’était simple, sans promesse, sans détour. Avant les mots, je savais déjà. Je t’ai serrée dans la lumière. Le monde s’est tu. Tout tenait dans cet instant. Le bonheur ne demandait rien, il était là, tranquille. Avant toi, j’étais seul, sans élan, sans route. Ton regard a ouvert une porte. Un souffle a traversé ma vie. J’ai senti revenir la clarté. Depuis, je garde ce moment en moi. L’amour brillait dans tes yeux, paisible et sûr. Il brillait encore dans ton sourire. Le temps a passé, la lumière s’est adoucie. Mais parfois, quand je ferme les yeux, je te revois, debout au bord du jour.