De la Moselle au Front Allemand : Formation et Dilemmes des Conscrits Mosellans (1912-1914)

Un jeune soldat Prussien en grande tenue 


L’année 1912 marque un tournant dans le processus de conscription des Mosellans sous l’Empire allemand, en raison de réformes militaires qui augmentent les effectifs et préparent activement le pays à un conflit majeur. Cette année-là, les lois militaires allemandes renforcent la base de conscription, touchant également les jeunes hommes d’Alsace-Lorraine. 

En parallèle, la montée des tensions internationales pousse l’Allemagne à intensifier la formation militaire, plaçant les jeunes Mosellans face aux exigences de l’entraînement prussien dès cette période. 
Certains futurs soldats de la Première Guerre mondiale sont ainsi incorporés dès 1912, ce qui symbolise le début de leur parcours sous l’uniforme allemand et l’anticipation de leur mobilisation.

La Conscription en Moselle sous l’Empire Allemand (1912-1914) 

Entraînement, Déploiement et Dilemmes d’Identité

1. Novéant-sur-Moselle sous Domination Allemande  

En 1914, lorsque la Première Guerre mondiale éclate, la région de Novéant-sur-Moselle, en Moselle (Lorraine), est sous domination allemande depuis la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Suite au traité de Francfort de 1871, l’Empire allemand annexe l’Alsace et la Moselle, transformant ainsi cette région en territoire allemand. Cette situation perdurera jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale en 1918.  

Contexte historique et domination allemande à Novéant-sur-Moselle 

Le contexte de l'annexion de la Moselle, officialisée par le traité de Francfort en 1871 après la défaite de la France dans la guerre franco-prussienne, a profondément transformé la région de Novéant-sur-Moselle et l'ensemble de l'Alsace-Moselle. 

En intégrant ces territoires à l’Empire allemand, le Reich met en place des politiques visant à germaniser la population, renforçant ainsi la présence et l'influence de la culture et de la langue allemandes dans les institutions publiques, notamment les écoles et administrations locales. 

Dans ce cadre, le sentiment d'appartenance des Mosellans devient ambivalent : bien que soumis à l'autorité allemande et appelés à servir dans l'armée impériale, nombre d'entre eux conservent une identité culturelle française marquée, transmise dans les familles et soutenue par l’usage du français au quotidien. 

Cette tension identitaire est particulièrement perceptible chez les conscrits mosellans, contraints de servir dans une armée qui peut se retourner contre la France. Ainsi, la situation de Novéant-sur-Moselle, emblématique de toute la région, illustre les dilemmes intérieurs et la double appartenance qui caractérisent les habitants de la Moselle annexée, oscillant entre loyauté imposée et identité d'origine persistante.

2. L’Incorporation dans l’Armée Allemande : Le Cas des "Malgré-Nous"  

Dès le début de la guerre, les jeunes hommes de Novéant-sur-Moselle et des territoires annexés sont enrôlés de force dans l’armée allemande. Ce phénomène préfigure celui des "malgré-nous" de la Seconde Guerre mondiale, un terme qui symbolisera l’enrôlement forcé de ceux qui, bien qu’ayant une loyauté française, sont contraints de servir sous un uniforme étranger. 

Ces jeunes conscrits lorrains sont envoyés dans des "Rekruten Depots" (dépôts de recrues), où ils suivent une formation militaire avant d'être envoyés sur les divers fronts du conflit.

L’Incorporation dans l’armée allemande : le cas des "Malgré-Nous"

Le terme de "Malgré-nous", principalement associé aux enrôlements forcés de la Seconde Guerre mondiale, trouve en effet un précédent historique dans la conscription imposée aux jeunes Mosellans dès 1914. Dans le contexte de la Première Guerre mondiale, les conscrits de Novéant-sur-Moselle et des autres territoires annexés sont enrôlés contre leur volonté dans l'armée allemande, incarnant ainsi une forme initiale de ce statut de "Malgré-nous". 

Les autorités allemandes, cherchant à sécuriser la loyauté de cette population perçue comme potentiellement indocile, pratiquent ce que l’on appelle la Zwangsrekrutierung (recrutement forcé), imposant ainsi aux jeunes Mosellans un service militaire souvent en contradiction avec leur identité culturelle et leurs attaches familiales françaises. Cette conscription coercitive crée chez les recrues un profond sentiment d'aliénation, renforcé par l’obligation de servir sous uniforme allemand, parfois même contre des soldats français. 

Certains documents d’époque révèlent d’ailleurs leur réticence, leurs angoisses et parfois leur résistance silencieuse face à cet enrôlement. La situation des conscrits de 1914 préfigure ainsi la tragédie des "Malgré-nous" de 1943, établissant une continuité mémorielle et émotionnelle dans le vécu des Mosellans sous domination allemande.

3. Les Rekruten Depots : Centres de Formation 

En 1914, les Rekruten Depots sont des centres d'entraînement militaire allemands organisés par région ou par division. Ces dépôts accueillent les jeunes conscrits pour une formation de base qui comprend l'apprentissage du combat, le maniement des armes, des techniques de survie, et une discipline militaire allemande stricte. 

Ces centres sont dispersés dans des régions stratégiques comme la Rhénanie, la Sarre, et des villes clés comme Trèves (Trier), Metz, Sarrebruck (Saarbrücken), Strasbourg (Straßburg).

Pour le RIR 18

  • 1er bataillon à Braunsberg 
  • 2e bataillon à Deuscht. Eylau 
  • 3e bataillon à Osterode 

Les Rekruten Depots : centres de formation militaire

Les Rekruten Depots ou dépôts de recrues étaient des centres de formation militaire intensifs où les jeunes conscrits mosellans recevaient une instruction rigoureuse selon les standards de la discipline prussienne. Dans ces centres, les recrues suivaient un programme structuré qui comprenait le maniement du fusil Gewehr 98, l’arme de base de l’infanterie allemande, ainsi que des exercices de survie, de combat rapproché et de condition physique. 

Situés dans des villes stratégiques comme Metz et Sarrebruck, ces dépôts formaient les conscrits de la région en les immergeant dans un environnement germanophone et militaire strict. 

  • Les ordres militaires étaient donnés en allemand, et les recrues étaient tenues d’assimiler rapidement des expressions et commandes militaires spécifiques, telles que "Achtung!" (Attention!), "Marschieren!" (Marche!) et "Feuer!" (Feu!). 

Cette adaptation forcée, tant sur le plan linguistique que disciplinaire, ajoutait une pression supplémentaire aux jeunes Mosellans.

4. Une Formation Rigoureuse et Disciplinaire

 

Les recrues mosellanes, subissent un entraînement rigoureux, participent à des manœuvres intensives et suivent des exercices physiques durs, selon les exigences de la discipline prussienne. 

5. Vie Quotidienne et Discipline dans les Dépôts de Recrues 

La vie dans ces dépôts est marquée par des conditions de vie strictes et disciplinaires : logements exigus, alimentation frugale et hygiène sommaire. Les recrues doivent s'adapter à une rigueur militaire qui leur est souvent étrangère, rendant leur expérience particulièrement éprouvante. 

Vie quotidienne et discipline dans les dépôts de recrues

La vie quotidienne dans les Rekruten Depots était marquée par des conditions de vie strictes et une discipline militaire intense, imposée aux jeunes conscrits mosellans dès leur arrivée. Logés dans des dortoirs souvent exigus, soumis à une hygiène sommaire et nourris de rations frugales, les recrues devaient rapidement s’adapter à une routine militaire exigeante. 

Les journées débutaient à l’aube par des exercices physiques rigoureux, suivis de longues heures d’entraînement au maniement des armes et de répétitions de manœuvres. Les conscrits étaient également instruits sur l’entretien de leur uniforme, souvent lourd et peu adapté à des conditions climatiques extrêmes, une tâche essentielle pour maintenir la rigueur militaire imposée par les officiers allemands.

Malgré la dureté de ces conditions, les jeunes Mosellans formaient des liens de solidarité, cherchant dans ce soutien mutuel un réconfort face à l’isolement et aux difficultés. Parler le français entre eux, par exemple, devenait un moyen discret de préserver leur identité et de trouver un semblant de normalité. Inclure dans cette section des témoignages d'époque ou des extraits de lettres de conscrits permettrait d’illustrer plus directement leur vécu. 

6. Déploiement des Recrues sur les Fronts de la Première Guerre Mondiale

Une fois formés, les conscrits sont envoyés sur différents fronts, notamment en France, en Belgique, et souvent sur le front de l'Est contre la Russie. 

Déploiement sur les fronts et dilemmes moraux

Le déploiement des conscrits mosellans sur les différents fronts de la Première Guerre mondiale a accentué leurs dilemmes moraux et leur ambivalence identitaire. Pour ces jeunes enrôlés, la perspective de devoir combattre pour l'Empire allemand, parfois même contre les troupes françaises, créait un conflit intérieur profond. Leur attachement culturel et linguistique à la France les opposait à leur devoir militaire imposé, ce qui renforçait un sentiment d’aliénation et de loyauté partagée.

Conscientes de cette situation, les autorités militaires allemandes considéraient souvent les soldats alsaciens-lorrains comme peu fiables, craignant des désertions ou des actes de fraternisation avec l’ennemi français. Pour cette raison, de nombreux conscrits de Moselle et d’Alsace étaient affectés en priorité sur le front de l’Est, notamment face à la Russie, où le risque de défection était jugé moins important. Cette relégation à des théâtres d'opérations éloignés servait ainsi de mesure de précaution pour l’armée allemande. 

La perception des conscrits alsaciens-lorrains par leurs camarades allemands ajoutait une dimension supplémentaire à leur isolement. Parfois considérés comme "französisch" (français) ou traités avec méfiance en raison de leurs origines, ils étaient souvent marginalisés au sein de leurs unités. 

7. Conclusion : Héritage de la Conscription et Mémoire des Conscrits Mosellans

La conscription forcée des Mosellans dans l’armée allemande pendant la Première Guerre mondiale est un épisode complexe, aux conséquences profondes sur l'identité régionale. Le retour de l’Alsace-Lorraine à la France en 1918 marque la fin de cette expérience douloureuse, mais les traces de ces années de service forcé restent vives dans la mémoire collective. 

Les "malgré-nous" de 1914 témoignent d'une période historique où loyauté et devoir se trouvent inextricablement mêlés.

Situation délicate :

   - Sa situation était probablement délicate, étant donné le conflit entre son origine familiale pro-française et son devoir de servir dans l'armée allemande

Impossibilité d'opter pour la nationalité française :

   - Contrairement aux "optants" de 1871-1872, il n'avait pas la possibilité de choisir la nationalité française au moment de sa conscription en 1914-1915

Conclusion et héritage mémoriel

La conscription des Mosellans sous l’Empire allemand durant la Première Guerre mondiale a laissé une empreinte profonde dans l'identité et la mémoire collective de la région. Ce service imposé pour une puissance étrangère, souvent en opposition à leur sentiment d’appartenance culturelle et linguistique française, a provoqué chez ces jeunes recrues un conflit identitaire durable. 

Dans certaines villes de Moselle, des plaques et des monuments rappellent le souvenir de ces conscrits, soulignant la reconnaissance de cette partie complexe de leur histoire. Par ailleurs, l'évolution du traitement mémoriel dans la région montre que cette conscription, longtemps mise en sourdine dans la mémoire nationale, est aujourd’hui réintégrée dans l’histoire locale.

Service Militaire en Allemagne

Structure militaire allemande et système de conscription

Le système de conscription allemand de l’époque était organisé de manière très hiérarchisée et rigoureuse, assurant ainsi un effectif militaire toujours disponible pour le front. 
Les recrues mosellanes, intégrées dans ce système, suivaient un parcours précis au sein de différentes structures militaires. 

  • Le Landsturm représentait la force de réserve en temps de guerre, regroupant les hommes moins jeunes ou inaptes aux premières lignes, chargés des défenses locales. 
  • Le Landwehr, quant à lui, formait une autre réserve constituée de soldats ayant déjà effectué leur service militaire et mobilisables rapidement en cas de conflit. 
Après leur service actif, les conscrits rejoignaient souvent l'Ersatz Reserve, une réserve de remplacement qui permettait de renforcer les unités opérationnelles si nécessaire.

Parcours d'Heinrich Carton avant et pendant la Première Guerre mondiale

Les autorités allemandes classaient les Alsaciens-Lorrains en différentes catégories selon leur fiabilité présumée.

Étant issu d'une famille connue comme "pro-française", il est possible qu'il ait été considéré comme moins fiable par les autorités allemandes

Affectation potentielle :

Il est probable qu'il ait été envoyé directement sur le front oriental plutôt que sur le front occidental, une pratique courante pour les Alsaciens-Lorrains considérés comme moins fiables, afin d'éviter les risques de désertion.

 I. Service Militaire Obligatoire en Allemagne avant la Première Guerre mondiale

1. Âge de Service  

   En Allemagne, tous les hommes devaient accomplir un service militaire obligatoire entre 17 et 45 ans, couvrant ainsi une grande partie de la population masculine.

2. Début du Service  

   Le service actif commençait en général à 20 ans, mais dès 17 ans, les jeunes étaient intégrés au Landsturm de première classe, une unité de défense locale pour la protection territoriale.

3. Service Actif  

   Dès 20 ans, les conscrits étaient appelés pour un service actif structuré en fonction des spécialités :  

   - Infanterie : Deux ans de service.

   - Cavalerie et Artillerie : Trois ans pour une formation spécialisée.

4. Réserve de Remplacement  

   Après le service actif, les hommes rejoignaient la Ersatz Reserve pendant quatre à cinq ans, période durant laquelle ils pouvaient être rappelés pour renforcer les unités en cas de besoin.

5. Landwehr

   Après la période de réserve, les conscrits rejoignaient la Landwehr pour 11 ans, leur permettant de renforcer les troupes en cas de guerre.

6. Landsturm de Seconde Classe  

   Après la Landwehr, les hommes entraient dans le Landsturm de seconde classe pour une durée de 7 ans, destinés aux tâches de défense intérieure.

7. Entraînement Annuel  

Les réservistes effectuaient des périodes d’entraînement chaque année pour maintenir leurs compétences militaires et rester opérationnels en cas de mobilisation.

Ce système structuré de conscription assurait à l’Empire allemand un effectif militaire formé et prêt à renforcer les troupes actives.

II. Organisation Militaire de l'Allemagne avant 1914

1. Division Territorial 

   L’Empire allemand était divisé en 24 districts militaires, chacun sous la responsabilité d'un corps d'armée chargé de la défense et de l’organisation militaire régionale.

2. Composition des Corps d’Armée  

   Chaque corps d’armée était composé de :  

   - Divisions d’Infanterie : Structurées en brigades, régiments, bataillons et compagnies.

   - Brigades d’Artillerie : Organisées en régiments et batteries d’artillerie.

3. Organisation Hiérarchique  

  • Brigades d’Infanterie : Comprenant plusieurs régiments d’infanterie, divisés en bataillons et compagnies.
  • Brigades d’Artillerie : Formées de régiments d’artillerie (Feld Artillerie Regiment), subdivisées en détachements et batteries.

Cette structure hiérarchique centralisée permettait une gestion militaire efficace et une mobilisation rapide des troupes en cas de conflit.

 III. Système de Remplacement et Mobilisation en Temps de Guerre (à partir de 1914)

1. Dépôt de Garnison

   Chaque régiment disposait d'un dépôt de garnison dans sa ville d’origine pour fournir des renforts et remplacer les soldats tombés ou blessés.

2. Ersatz Bataillon 

   Les régiments maintenaient un ou deux Ersatz Bataillons, comprenant des compagnies de remplacement, une compagnie de convalescents et une compagnie de recrues.

3. Rekruten Depot  

   Les Rekruten Depots, ou dépôts de recrues, regroupaient environ 400 hommes chacun, tandis qu’un Ersatz Bataillon pouvait rassembler entre 1 000 et 1 200 hommes.

4. Formation et Affectation 

   Après leur formation, les recrues rejoignaient une compagnie de remplacement puis étaient transférées vers les dépôts proches du front (Feld Rekruten Depot).

5. Retour au Front pour les Convalescents  

   Les soldats en convalescence réintégraient leur Ersatz Kompanie pour une évaluation médicale avant de retourner au front.

Ce système de remplacement structuré permettait d'assurer un flux régulier de soldats formés pour soutenir les unités en première ligne.

 IV. Organisation et Missions du Landsturm

1. Incorporation au Landsturm  

   Les hommes inadaptés au service en première ligne étaient affectés au Landsturm, unité dédiée à la défense territoriale.

2. Catégories du Landsturm 

  •    Landsturm Armé : Pour les hommes capables d’assumer des tâches de défense.
  •    Landsturm Désarmé : Pour les hommes inaptes au service armé.

3. Réintégration Possible 

   Des visites médicales régulières permettaient de réévaluer les membres du Landsturm, qui pouvaient réintégrer les forces actives si leur condition le permettait.

4. Unités de Réserve  

   Le Landsturm intégrait également des bataillons de réserve pour répondre aux besoins en cas de conflit prolongé.

5. Rôle en Temps de Guerre 

  •    Missions de défense, protection des voies de communication, surveillance des prisonniers de guerre.
  •    Occupation de forteresses stratégiques dans des villes comme Strasbourg, Breslau et Posen.
  •    Défense côtière et maintien de l’ordre dans les territoires occupés.

 V. Mobilisation Progressive Pendant la Première Guerre mondiale

1. Mobilisation Initiale (août 1914) 

   Dès le début de la guerre, les hommes de la Ersatz Reserve et de la Landwehr de première et seconde classe furent appelés pour renforcer les troupes.

2. Mobilisation des Classes Successives (1914-1916)  

   - Les classes de 1914 à 1916 furent progressivement mobilisées pour soutenir les forces actives, y compris des ouvriers d’usines d’armement.

Ce système de mobilisation permettait d’ajuster le renfort des troupes en fonction des besoins du front.

VI. Parcours Militaire de Heinrich Carton

Fiche d'Identité Militaire Reconstituée : Heinrich Carton
  • Nom complet : Heinrich Carton  
  • Lieu d'origine : Novéant-sur-Moselle (Neuburg in Lothringen), région de Metz, Alsace-Lorraine (Empire allemand)  
  • Région militaire d'incorporation : XVIe Corps d'Armée, Metz  
Conscription possible et enrôlement au : En 1914 ? 

Dans les listes alphabétiques d’incorporation, sous la cote 14Z () , plusieurs années manquent, dont l’année 1915. Il n’est donc pas possible d’y trouver trace de Henri CARTON.

Unité militaire : 
Le 2 Août 1914 (?) 

Reserve-Infanterie-Regiment 18 

Division : 1re Division de Réserve (1. Reserve-Division)  

Brigade : 72e Brigade d'Infanterie de Réserve, regroupant les unités suivantes :
  • 18e Régiment d'Infanterie de Réserve
  • 59e Régiment d'Infanterie de Réserve
  • 1er Bataillon de Jägers de Réserve (infanterie légère spécialisée)
Bataillon : 2e Bataillon du 18e Régiment d'Infanterie de Réserve  
  • Compagnie : 5e Compagnie du 2e Bataillon  en 1916
  • Grade : Soldat (Musketier)  
Date et lieu de décès : 16 septembre 1916, Narajowka, Galicie (pendant l’offensive Broussilov)

1. Mobilisation de Heinrich Carton  

   Originaire de Metz en Alsace-Lorraine, Heinrich Carton fut mobilisé en décembre 1914 ou janvier 1915 en tant que conscrit. 

Metz étant intégrée à l’Empire allemand, ses habitants étaient sujets à la conscription impériale.

2. Formation  

   Début 1915, Heinrich est stationné au Rekruten Depot Deuscht. Eylau, 2eme bataillon du Régiment d'Infanterie de Réserve (18. Reserve-Infanterie-Regiment) pour sa formation.

Rekruten Depot pour le 18 RIR sont :

  • 1er bataillon à Braunsberg 
  • 2e bataillon à Deuscht. Eylau (Heinrich)
  • 3e bataillon à Osterode 

Étant originaire de Novéant-sur-Moselle, une commune proche de Metz en Alsace-Lorraine, alors sous administration allemande, Heinrich Carton aurait normalement dû effectuer sa formation initiale au Rekruten Depot situé dans ou aux alentours de Metz.

Cependant, les circonstances précipitées de son enrôlement par les autorités l'ont probablement orienté vers le Rekruten Depot Deutsch-Eylau du 18e Régiment d'Infanterie de Réserve (RIR 18).

3. Régiment en 1916 

   Heinrich Carton est présent en 1916 comme Musketier (soldat) dans la 1ère Division de Réserve (1. Reserve-Division), au 18e Régiment d'Infanterie de Réserve, dans le 2e Bataillon et la 5e Compagnie.

4. Déploiement et Engagements  

   - 1915 : Heinrich Carton et la 1ère Division de Réserve participèrent aux batailles du front de l'Est, notamment à Przasnysz, en soutien aux forces austro-hongroises contre la Russie.

   - 1916 : Heinrich Carton combattit dans la bataille de la Somme en France. Après cette bataille, la division fut redéployée en Galicie pour l’offensive Broussilov contre l’armée russe.

5. Décès  

   Heinrich Carton fut porté disparu le 16 septembre 1916 dans le secteur de Narajowka en Galicie, durant les violents affrontements de l’offensive Broussilov.

Conclusion : Héritage de la 1ère Division de Réserve et du Service Militaire Allemand

Le parcours de Heinrich Carton illustre le rôle central des structures militaires allemandes et leur capacité à mobiliser un vaste effectif de soldats durant la Première Guerre mondiale. 

Le système rigoureux de conscription et de mobilisation permit à l'Allemagne de maintenir une présence militaire forte sur plusieurs fronts, en assurant un renouvellement constant des troupes.

Fiche d’identité du Régiment d’Infanterie de Réserve n° 18 (18e RIR)

Nom complet : Régiment d’Infanterie de Réserve n° 18 (Reserve-Infanterie-Regiment Nr. 18)  

  • Actif : 2 août 1914 – mi-septembre 1918  
  • Nation : Empire allemand (Deutsches Kaiserreich)  
  • Armée : Armée prussienne (Preußische Armee)  
  • Type : Régiment d’infanterie  
  • 02.08.1914 : Le régiment de réserve est mobilisé selon le plan de mobilisation. 

En plus de l’entrée en campagne du régiment, un bataillon de remplacement et un dépôt de recrues sont mis en place.

  • 1er bataillon à Braunsberg 
  • 2e bataillon à Deuscht. Eylau 
  • IIIe bataillon à Osterode 

avec 2 compagnies de mitrailleuses 

Commandants de régiment

02.08.1914 : 

  • Lieutenant-colonel Frhr. v. Lützow (v. IR 152)
  • I. Bataillon : Major v. Schlieben (v. IR 59 ; † 17.11.14)
  • II. Batl. : Major v. Poten (v. IR 152 ; † 22.11.14)
  • III. Batl. : Major Frühling (v. IR 152)

Composition initiale : 
  •  12 compagnies d’infanterie  
  •   2 compagnies de mitrailleuses (1914)  
  •   Augmentation à 3 compagnies de mitrailleuses (1916)  
  •   Effectif : Entre 2000 et 2500 hommes  
Subordination :

Affectations principales :  
  •   1ère division de réserve (1914 - mi-guerre)  
  •   225e division (fin de la guerre, après réorganisation)  
Théâtres d’opérations :  
  • Front de l’Est

    Bataille de Gumbinnen
    Bataille de Tannenberg
    Bataille des Lacs de Mazurie
    Bataille de Lodz
    Przasnysz- Schaulen
    Offensive Broussilov
    Riga

    Front occidental

    Offensive allemande du printemps 1918

 Rôle dans la Première Guerre mondiale :  

Le 18e Régiment d’Infanterie de Réserve était une unité de l’armée prussienne mobilisée dès le début de la guerre. Initialement déployé sur le front de l’Est, il a pris part aux grandes victoires allemandes, notamment à Tannenberg et aux Lacs de Mazurie, avant d’être transféré au front occidental en 1918 pour participer à l’offensive du printemps. 

Il s'est distingué dans des combats de haute intensité, mais comme de nombreuses unités allemandes, il a souffert de l’épuisement et du manque de ressources à la fin de la guerre.  

Dissous à la mi-septembre 1918 dans le contexte de la désorganisation croissante de l’armée allemande, le 18e RIR illustre la trajectoire typique des régiments de réserve : un engagement massif en début de conflit, une guerre d’usure prolongée, et une désintégration progressive sous la pression alliée.

Sources:

- Jean-Noël Grandhomme, L’Alsace-Lorraine dans la Grande Guerre : Soldats et civils des deux côtés du front, Presses Universitaires de Strasbourg, 2008.  

- Bernard Vogler, Histoire politique de l’Alsace, Éditions La Nuée Bleue, 1995.  

- Marie-Anne Matard-Bonucci et Jean-Paul Brunet, Les Malgré-nous et la mémoire collective : Histoire et mythes, Presses Universitaires de Strasbourg, 2010.  

- Édouard Husson et Georges Bischoff, L’Alsace-Lorraine : De 1870 à nos jours, Armand Colin, 2010.  

- Nicolas Mariot, Tous unis dans la tranchée? 1914-1918, les intellectuels rencontrent le peuple, Seuil, 2013.  

- Alain-Fabien Morel, Les Lorrains dans la Grande Guerre, Éditions Serpenoise, 2009.  





Biographie et Généalogie

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